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(Note de lecture), Nohad Salameh, Les Éveilleuses, par Béatrice Bonhomme


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Posté 18 septembre 2019 - 10:15

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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...5637f200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Nohad Salameh les éveilleuses" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a485637f200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a485637f200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Nohad Salameh les éveilleuses" /></a>Les Éveilleuses. Ces éveilleuses, gardiennes de nos vocables. Celles qui nous réveillent dâun sommeil dogmatique. Celles qui sâengouffrent dans la béance et traversent, émergeant comme des sanglots dâoiseaux, lucioles, éclairant la nuit de lâenfance, lumières. Celles qui habitent le monde. Celles qui ressentent ce lien aux autres et au monde. Les créatrices de leurs mille bras entrelacés, permettant un sentiment du tout-ensemble, de cette unité multiple qui relie intimement lâintuition du Tout. Les créatrices, sâouvrant au monde et aux éléments cosmiques, se répandant dans les feuilles. Les poreuses, traversées par des flux dâéchanges dâéléments de choses ou de choses élémentaires. Les éveilleuses, devenant la source dâinsistance entre nous et les choses, poètes médiatrices, poètes douées dâune porosité essentielle.<br /><br />Celles dont la lecture nous mènent vers notre monde devenu autre, devenu habitable par leurs paroles, par leurs mots. Celles qui progressent et remontent depuis le temps des origines, sinuant en germination de graines, ces bienveillantes qui nous apprivoisent et nous guident doucement vers une parole de nudité. Celles, comme un secret intime à lâÅuvre. <br /><br />ChÅur de femmes, de femmes poètes, chÅur éclaboussé dâéclairs, comme un paysage charrué de fulgurances. ChÅur dâanonymes ancrées dans lâintimité du secret et déployant leurs ailes pour lâuniversalité dâune terre précaire à ciel ouvert.<br /><br />Et oui, câest toi aussi, Nohad Salameh, ces anonymes, câest toi poète, et câest elles. Présentes par leurs empreintes dans tes empreintes, leurs traces dans tes traces, leurs cicatrices dans les tiennes.<br /><br />Et câest un chÅur dâétoiles qui filent, de nageuses de voie lactée. Qui êtes-vous dispensatrices de lâimaginaire ? Prédestinées à la Révélation, et dâun bond, dâun saut, dâune danse rejoignant la parole de la poète qui vous parle et en qui vous parlez, en sa voix.<br /><br />Semeuses, semaison de syllabes, de couleurs et dâétoiles, multipliant en la poète la présence cosmique. La poète germine de ces éveilleuses qui poursuivent en elle leur chant de lâinédit.  <br /><br />Ces parleuses, écrivaines qui enfantent la poète et multiplient les myriades de son être. Écrire câest aussi vivre en communion avec ces éveilleuses de mémoire et de mondes, ces respirantes de souffle et de mots, ces médiatrices qui portent vers les célébrations et les talismans. <br /><br />Voix oraculaires qui ont précédé, qui ont ouvert le chemin de la création à dâautres femmes. Femmes de plusieurs regards, femmes fécondes, femmes de lutte et de batailles gagnées, voyageuses intermittentes, figures de proue, guerrières pour que la parole ouvre le jour à dâautres femmes.<br /><br />Les éveilleuses, Nohad Salameh en fait partie. Elle donne parole à toutes celles qui nâont pas eu la parole et que lâon a brisées. Elle porte témoignage sur lâenfant-fille tuée, la malvenue au monde, sur lâégorgée, Zora la flamboyante, sur lâexcisée amputée de la magnificence du jouir et du vivre.<br /><br />Puis elle rend hommage à tant de créatrices dont la maraudeuse dâinfini Selma Lagerlöf, lâenvoûteuse Lou Andréas Salomé, la médiatrice du réel et de lâimaginaire Colette, la Shéhérazade des mers de glace, Karen Blixen, la petite mère du Chili, Gabriela Mistralâ¦<br /><br />Les lectrices et les lecteurs découvriront lâémerveillement de poèmes sensibles sur toutes ces créatrices, Marguerite Yourcenar, Simone de Beauvoir, Anne Hébert, et tant dâautres, magiciennes des mots, à qui en même temps quâhommage, est rendue justice. Dans « lâinfini servage » de la femme, est mise en lumière cette conquête de la création par ces femmes de courage, de parole et dâécriture. Et ce livre, permet le passage de ce relais de création, cette mémoire, cette transmission dâune poète à lâautre, dans le don. <br /><br /><strong>Béatrice Bonhomme</strong><br /><br />Nohad Salameh, <em>Les Eveilleuses</em>, Lâatelier du Grand Tétras, 2019, 96 p., 15â¬<br /><br /><em><br /></em><strong>Extrait : </strong><em><br /></em></span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';">I<br />De quelle béance <br />émergent en moi ces présences <br />sanglot d'oiseau surnaturel <br />ou lucioles issues d'un monde parallèle ?<br /><br /><br />Vers quel havre de grâce <br />progressent ces invisibles <br />qui remontent le temps sinueux<br />de la germination<br />jusqu'au château des vocables<br />hypnotisées par ma parole <br />- ces bienveillantes vêtues de fraîche solitude <br />qui m'apprivoisent dès l'Appel <br />nues et proches <br />ainsi qu'un secret ?<br />(p.9)<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/H2F-WHl9k_Q" height="1" width="1" alt=""/>

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