Au midi de mes jours,
Je mesure l'étendue des ombres,
Pans entiers d'illusions effondrées
Sombrant dans les abysses calmes.
Lointains éclats de lumière
Aux couleurs de vie
Érodés en sables gris de l'oubli...
Qui suis-je donc dans ce flux implacable
Que l'Esprit du monde charrie ?
Pourtant je voudrais vivre,
Vivre encore tant,
Sentir le souffle des odyssées
Aux vents salés des alizés ;
Je voudrais être tout ce que la terre compte de songes
Et d'impossibles destins.
Dites-moi que tout cela va se faire,
Que ce ne sont point là chimères éventées.
Le monde peut-il contenir ces désirs absolus ?
Le rêve peut-il se tenir sage aux bornes du monde ?
Me voici plombé au soleil de midi,
Mes heures déclinant vers l'écrasant crépuscule.
J'irai donc à l'Orient,
A rebours du temps
Parcourant l'étroite ligne de crête
Entre les gouffres anéantis et les pics affaissés.
Du milieu de ces espaces désolés,
Tel une âme aux abois fuyant la nasse mortelle,
Je fixerai l’Étoile dans le silence du ciel ;
Et je crois qu'elle me conduira aux sources du feu divin,
Vers les contrées éternelles.
