Le temps à l'infini marque sur mon visage
Cet éternel ennui mettant mon cœur en nage,
Ces songes qui me rongent et me rendent éperdu
Des soleils éclairant mon paradis perdu.
Que de fois dans mes yeux j'ai rêvé ton image,
Et j'ai par mon crayon dessiné ton visage,
Épuré mon dessin vers un être incertain,
Cherché à rendre gloire à mon amour en vain.
Ma main sur le papier te cherchera toujours.
J'ai rêvé grain par grain dessiner ton pourtour,
Mais le geste incertain n'a pas su reproduire
Ni l'ombre de tes yeux, moins encore ton sourire.
J'ai pour l'éternité gardé en ma mémoire
Un regard oublié transmis par un miroir
Qui m'est resté gravé comme un rêve oublié
Sur ma peau suant l'eau comme un vin délaissé.
Mes souvenirs surfant sur une vague triste
Emportent les couleurs de ma peau vers le bistre,
Les lumières s'en vont sur un fond suranné
Vers un gris triste et laid, un rêve abandonné.
Ton visage rayonne à travers ton sourire
Et met mes nerfs en cale prisonnier d'un navire
Qui enclavé au port n'a jamais navigué,
Enchaîné par le sort sans jamais voir le gué.
Pourrais-je un jour rêver ta peau sous mes doigts gourds,
Éclipsant les diktats de ces dieux qui sont sourds
A mes penchants versés vers ta peau qui menue,
S'accroche à mes chagrins et se révèle nue.
Espoir, mon bel amour, qui m'a toujours trahi,
Tranche ces illusions et ces rêves haïs
Qui toujours m'ont porté vers de sombres victoires,
Vers un ennui sans fin, sans amour et sans gloire.