Aller au contenu

Photo

(Note de lecture), Où sont ceux que ton coeur aime, de Gemma Salem, par Isabelle Baladine Howald


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 11 novembre 2019 - 02:32

<p> </p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><em>Gemma en pierre précieuse<br /></em><br /></span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...9b855200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Gemma Salem où sont ceux que ton coeur aime" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a4e9b855200b img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a4e9b855200b-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Gemma Salem où sont ceux que ton coeur aime" /></a>Avoir pour sujet les tombes et en particulier une tombe, en faire le but dâune promenade régulière au cimetière de Grinzing à Vienne (« <em>un pacte intime et solitaire ponctuellement renouvelé </em>») et en faire un livre, voilà qui est déjà bien original. Mais Gemma Salem ne fait jamais les choses comme tout le monde, sa vie, de comédienne à écrivain, entre autres, ayant parcouru le monde et ses livres (romans mais aussi livres sur Schubert et déjà, Thomas Bernhard) en témoignent.<br />Au cimetière de Grinzing, LA tombe, nâest-ce pas celle de Mahler ? Si, dâailleurs elle finit par lui concéder une rose, au passage, à force que son for intérieur lui en donne lâorde (« <em>a rose fort Mahler »)</em>, mais bon, le plus aimé câest lui, Thomas Bernhard, qui inspire ce nostalgique et pourtant fougueux <em>Où sont ceux que ton cÅur aime </em>(Arlea).<br />Ce nâest pas une interrogation, comme on peut le voir, puisquâelle ne ponctue pas. Câest donc une sorte de remarque pour soi, tard dans sa vie.<br />Au cimetière, fleurs, objets sont posés, changés, parfois ridicules, toujours touchants, depuis trente ans que Gemma Salem vient sur cette tombe. Évocation, souvenirs, les derniers jours de lâécrivain, et puis, en quelques années sa décision à elle de tout quitter, famille, amis, monde intellectuel, pour aller vivre, libre, solitaire mais aussi très seule. Elle y retrouve aussi, comme partout, la mondialisation : « <em>Pourquoi est-ce toujours le moche qui lâemporte ? » <br /></em><br />Il, câest Il avec un grand I, câest Thomas Bernard, lâirréductible autrichien (marque de fabrique de lâAutriche concernant ses écrivains), lâobjet de ce sentiment si profond quâest la fidélité. Ayant quitté finalement Paris pour Vienne, non loin de ce cimetière, loin de tout â elle est née à Antioche - et loin de tous, Gemma Salem, fait sa promenade. Le corps malmené par lââge et quelques excès, proteste. Le cÅur, même irrégulièrement, continue de battre. Ce nâest pourtant pas Thomas Bernhard le premier élu de son cÅur, câest Franz Schubert. Franz câest lâélu de lâenfance, à laquelle on reste fidèle toute sa vie. Thomas, câest lâélu du reste de sa vie, et celui auquel on pense : <em>an denken</em>, penser à, qui est aussi <em>andenken</em> se souvenir. Elle (Elle, qui ne pourra dire <em>je</em> quâà la toute fin du livre, un <em>« je tâembrasse dans le cou »</em> adressé à Franz Schubert, aussi malicieux que tendre) dit peu de choses de sa relation avec lui, cela les regarde, ce nâest pas ce qui compte.<br />Le ton de Gemma Salem nâa pourtant rien de révérencieux, ni ses actes. A sa façon, elle est bien une « autrichienne » dans le genre irréductible, même si elle se sent le cÅur et lâesprit français (la naturalisation lui a été refusée, allez comprendre la bêtise administrative), jetant à chaque passage un bouquet de fleurs en plastique mise sur la tombe dâune jeune fille parce quâelles ne lui plaisent pas, saluant « Karl » et « Maria », voisins de « Thomas », ne parlant à personne, tournant en dérision les gerbes de fleurs « gouvernementales » pour les anniversaires à deux chiffres. Aimant ceux qui se mettent « <em>à lâécart </em>» comme dit Walser, encore un qui te retourne le cÅur, Modigliani, Bruno Schulz ou Cioran, Beckett et même Gainsbourg, fanfaron et enfantin.<br />Gemma Salem fait aussi son autoportrait en creux. Que dit-on de soi quand on parle des autres est également toujours le sujet silencieux de ce type de livre. Aussi lucide, peu amène, pudique et émouvante quant à elle-même, ses choix, le corps qui vieillit, Elle observe lâenthousiasme qui a plus de mal à monter, même en écoutant une musique que lâon aime, le pardon quâon aimerait encore pouvoir demander en pensant à ceux que lâon a pu blesser,<br />Dans « gemme » on entend « jâaime » puisque le cÅur de ceux que lâon aime, câest notre cÅur.<br /><br />En couverture, une photo de Thomas B qui sourit légèrement, il est assis sur un banc dans une cour dâécole peut-être, derrière lui des enfants rigolent, complices. <br />La belle collection « La Rencontre » dirigée par Anne Bourguignon aux éditions Arlea, compte un petit bijou de plus, tellement plein de charme, de liberté et de solitude :<br />Une rose thé que Gemma Salem dépose, esprit frondeur et main délicate, sur la tombe de Thomas B. <br /><br /><strong>Isabelle Baladine Howald<br /><br /></strong>Gemma Salem, <em>Où sont ceux que ton cÅur aime</em>, coll. La Rencontre, Arléa, 2019, 100 p., 16â¬.<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/TOkVk-aDYnk" height="1" width="1" alt=""/>

Voir l'article complet