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(Les Disputaisons) À quoi bon éditer et vendre encore de la poésie ?, 7, Isabelle Sauvage, Alain Rebours, Sarah Clémant (éditions Isabelle Sauvage)


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Posté 17 février 2020 - 10:43

 

Poezibao publie aujourdâhui la septième contribution dâune nouvelle série autour du thème « A quoi bon éditer et vendre encore de la poésie » grâce à Jean-Pascal Dubost qui en a eu lâidée et qui en a assuré la réalisation.

Disputaison n°2
« À quoi bon éditer et vendre encore de la poésie ? »


7. Isabelle Sauvage, Alain Rebours, Sarah Clémant (éditions Isabelle Sauvage)
Le hasard et la nécessité ?

6a00d8345238fe69e20240a50cea23200b-100wiLorsquâon regarde un peu en arrière, ce que lâon pourrait appeler un parcours â chacun le nôtre dâailleurs, avant celui « dâéditeur de poésie », puisque nous sommes interrogés ici à ce titre â, on ne peut que voir des circonstances. On pourrait presque appeler cela des hasards, faits de rencontres, dâexpériences passées et présentes (où la poésie a certes son importance), de moments de vie⦠On ne se rêvait pas, « même pas » on aurait pu sâimaginer « éditeur de poésie » ! Se retrouver « éditeur de poésie », en tout cas, nâa pas été de lâordre dâun projet professionnel ou économique ou commercial⦠Il serait fou de soumettre cela à un business plan ou à un incubateur quelconque ou à une expertise entrepreneuriale⦠Retoqués dâentrée ! Il y va sans doute de quelque chose de plus courant et de mal admis dans notre monde, du désir, une appétence à être là, « au monde » comme on le dit souvent, en mettant en scène quelque chose de sacrément singulier, la poésie. Nous avons donc commencé en tant quâamateurs, nous poursuivons comme des bricoleurs pas tout à fait du dimanche. Certes, nous défendons aujourdâhui un savoir-faire « professionnel », mais certainement pas un projet consumériste. Cela étant dit : la question de savoir si tel livre est « vendeur » nâest pas la nôtre avant la publication, savoir si la poésie est « vendeuse » pas plus. Nous avons au moins gardé cela de nos débuts.

Éditer autre chose que de la poésie (ou des textes inclassables) ne nous intéresse pas â ou en tout cas notre histoire ne nous a pas menés là. « Éditer de la poésie » nous est apparu, à un moment donné, comme une alchimie impérative, une dynamique irrémédiable de nos différences et de nos tribulations individuelles. Les enjeux peuvent en différer des uns aux autres de notre coopérative, mais cette nécessité reste comme un défi, toujours renouvelé, que nous menons ensemble, tous les trois, rejoints par dâautres parfois et souvent comme autant de rencontres humaines que seule la poésie permet. On peut y voir un geste politique, un refus de la langue assignée, un refus des conventions, dâune pensée majoritaire étriquée ; on peut y percevoir également lâactualisation de sensibles qui dépassent les fadeurs de notre temps ou qui affirment la présence des corps dans un monde-machine⦠Mais lâessence de notre projet â à la fois individuel et collectif â est là : nous nous sommes trouvés sur ce pari, sur ce risque dâêtre vivants.

Peu à peu, et comme une obligation de plus en plus pénible, câest vrai, vu lâampleur de la tâche, on nâa pu sâécarter de toute réalité : nous avons bien été obligés de rendre des comptes et de les équilibrer. Car être éditeur (quel que soit le genre dâailleurs), câest aussi être commerçant. Un négoce de livres est certes particulier (comme tous les objets culturels du reste), mais câen est un quand même. Nous avons bien été obligés, non pour devenir riches (ne soyons pas fous !), mais seulement pour poursuivre, pour continuer à exister. Là, nous nâavons guère de recettes ou de leçons à donner (sans doute plus à recevoir), car tous les ans nous sommes les premiers étonnés de tenir ainsi. Mais peut-être peut-on soutenir que la poésie finalement ne se vend pas si mal (si on accumule tous les lieux où elle se vend et si on répète quâon ne cherche pas à atteindre les têtes de gondoles), que le circuit économique du livre nâest pas si mal foutu que cela (si on en reste à des secteurs marginaux â hors des grosses machines de diffusion et de distribution â comme le nôtre), que les maisons dâédition de poésie ne sont pas si mal gérées que cela (si on y ajoute lâénergie et le militantisme que cela demande), que les aides publiques ne sont pas si négligeables que cela (en espérant quâelles restent pérennes ces prochaines annéesâ¦).
Alors, parfois on comprend pourquoi on continue, malgréâ¦

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