dans le miroir éclaté
de l'arrière salle
d'un bar mal-famé,
le kaléidoscope
des cent fragments
d'un visage inconnu.
qui pourtant est le sien
portrait cubiste, fuyant,
écartelé, désintégré
dont le regard, en vain,
croit cerner les contours,
qui se dérobe, se perd
aussitôt, à la fois là
et absent,
amical et lointain,
proche et étranger,
le même et un autre,
déshumanisé et vivant
comme une musique
de Messian
ou de John Cage,
désarticulée, informe,
qui déroute et convainc,
s'empare de vous,
malgré vous
et lui, effaré ,
jouet d'une illusion
ou illusion lui-même,
contemple sans fin
dans ce miroir brisé,
un inconnu,
un autre lui-même
dont il ne sait s'il faut
l'aimer, le plaindre
ou le haïr