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(Hommage) à Ilse Garnier, par Philippe Leleux


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#1 tim

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Posté 08 mars 2020 - 10:35

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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...468de200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Garnier-fensterbilder" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a51468de200b img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a51468de200b-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Garnier-fensterbilder" /></a>Ilse Garnier s'est éteinte le lundi 17 février 2020, six ans après Pierre (1er février 2014). Elle laisse une Åuvre considérable, de plus en plus lue, étudiée, rééditée et exposée, notamment dans les pays de langue germanique.<br /><a href="https://poezibao.typepad.com/poezibao/"><em>Poezibao</em></a> donne ici à entendre les mots que Philippe Leleux, libraire-éditeur à Amiens, a prononcés lors des obsèques. <br /><br /><br /><br /><br />Lors de mes visites à Saisseval de 2008 à 2014 pour travailler avec Pierre sur des ouvrages, jâavais le plaisir dâêtre accueilli avec beaucoup de gentillesse par Ilse dans la première pièce en entrant, une poule rousse tentait de nous suivre et nous passions devant les perruches pour gagner le salon et sa table ronde. Après les politesses Ilse se volatilisait. Elle sâéclipsait toujours avec une telle discrétion que je cherchais quelques secondes du regard le chemin de sa disparition. Avec Pierre nous nous mettions vite dâaccord sur la place des textes ou la forme des livres puis il me racontait lâHistoire, les ruines de sa ville, après les chaos, la poésie qui ne pouvait plus nâêtre que de mots, la création du spatialisme avec Ilse, leurs voyages à la rencontre des nouvelles formes de créations poétique, concrètes, sonores, expérimentales.<br /><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a51468e8200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Garnier-blason-du-corps-feminin" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a51468e8200b img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a51468e8200b-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Garnier-blason-du-corps-feminin" /></a>Les villes natales de Ilse et Pierre étaient à reconstruire, la poésie aussi, et ils étaient tous les deux au travail.<br /><br />âErnest et Célestineâ, je me souviens avoir pensé à ces albums que je lisais à mes enfants, un ours mélomane et une souris qui vivaient ensemble, heureux et en marge, dans une maison en désordre, un ours et une souris qui sâémerveillaient des étoiles lorsque des tuiles tombaient du toit pour ouvrir une fenêtre sur le ciel. Je prenais une voix grave ou fluette selon que lâours ou la souris parlait.<br /><br />Dans la maison de Saisseval, la voix de contrebasse me racontait les bombardements dâAmiens, je regrette de ne pas avoir entendu la petite voix dâIlse me parlant de sa jeunesse sous les bombardements de la Rhénanie. Câest Pierre, le conteur, qui me peignait avec humour et autodérision le passé, Ilse en parlait peu, toujours discrète. De leurs recherches, de leurs travaux communs, je nâentendais pas sa note aiguë, de la musique de lâhistoire il mâaura manqué une octave. Mais je profitais un peu de son doux accent devant un verre de blanc qui sonnait souvent la fin de ma visite<br /><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a51468f2200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Garnier-jazz-pour-les-yeux" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a51468f2200b img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a51468f2200b-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Garnier-jazz-pour-les-yeux" /></a>Une fois, alors que jâétais sur le départ, elle me posa une question sur le papier je crois, ou les techniques dâimpression. Puis, pour illustrer sa demande, elle me fit découvrir une sérigraphie, un poème transformé en image, une Åuvre originale toute en finesse de lignes, de nuances, de courbes, doucement éclairées par la lumière filtrée du lierre qui recouvrait la fenêtre de la salle.<br /><br />Ilse était une artiste et elle présenta ses poèmes « Un livre dâheures » au Labyrinthe où ses fenêtres images furent exposées.<br />Ilse, poétesse prophète avait bien senti, avec Pierre, que le monde allait tourner dans le tourbillon des images, que le mot allait prendre son envol dans la nouvelle tempête, elle nous offrait par le mouvement des lettres, notre propre film sur la feuille. Avec Ilse, la feuille de papier devenait toile de cinéma, les accents circonflexes sâenvolaient de la page vers les étoiles. Nous avions la liberté dâécrire notre poème, notre propre scénario. La page fenêtre sâouvrait sur le mouvement.<br />Lâécrin des marges devint écran : une révolution poétique !<br />Le spatialisme ? Simplicité, beauté, liberté !<br />Plus tard je découvrais lors dâun colloque à Tours un poème cinématographique écrit par Ilse et réalisé par Albert Coma, une révélation pour moi : le poème film était inventé !<br /><br />Mais alors, si notre nouvelle civilisation devient toute image, jusquâau poème, pourquoi la région (dont je tairais le nom de peur que Pierre ne lâentende) nâoffrirait pas le spectacle de ce merveilleux ciné-poème dans les lycées, histoire que ces images libèrent les mots de la jeunesse. Ilse nous ouvre une voie lactée pour faire entrer lâesprit poétique dans lâhégémonie de lâimage.<br />Nâen doutons pas, un jour, les oiseaux et leurs chants de voyelles reviendront en nombre, la géopolitique laissera la place à la géo-poétique et les noms des poètes débaptiseront ceux des Maréchaux.</span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';">En attendant, entre Ilse et Pierre et le ciel picard qui se moque bien des frontières, il y aura toujours des accents circonflexes et des oiseaux. Merci à vous. Nous ne vous oublierons pas. <br /><br /><strong>Philippe Leleux</strong><br /><br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/FMdViHin1Jo" height="1" width="1" alt=""/>

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