la façade aux volets clos
décrépie, largement fissurée,
les nuages noirs qui courent
dans un ciel de cendres,
le nid frénétiquement secoué,
malmené tout au haut de l'arbre,
fragile, menacé à tout moment
d'être dévasté et jeté bas . . .
mais une fenêtre qui s'éclaire,
la poutre bien ancrée dans le mur,
les pies qui font leur aller-retour
incessant du nid au champ labouré
et du champ labouré au nid,
sans désemparer, obstinées, têtues,
sans s'émouvoir de la tempête
comme elles, suis la trace,
garde le cap, tiens bon la barre,
et si tu crains le chant des sirènes,
fais-toi attacher au mât
comme Ulysse
parfois, peut-être,
laisse-toi bercer par des chimères,
fais un écart, un faux pas même,
un détour imprévu ou risqué
sans avoir peur de la tempête,
mais,
garde-toi surtout,,désespérément,
d' être dupe des faux-semblants,
hanté par la crainte
de lâcher la proie pour l'ombre