VAGUES AMERES
Ou Vanité de l'espoir
Croyant aux lendemains, abreuvé de leurs eaux
J'allais saoul et sot en joignant les deux mains.
Je rêvais d'avenir, et de matins qui chantent
Je pensais touchante, l'attente du plaisir.
Je marchais vers la mer, d'un pas et d'un coeur tendre
Mais sans jamais m'attendre à ses vagues amères.
De mes buts suprêmes, ces choses d'une vie
Ne reste que l'ennui qui dans mon coeur se traîne.
Le soleil au levant, de cette soif brûlante
Traçait, aveuglante, ma route dans les vents.
Au couchant se mêlent l'espérance et la crainte,
Monte la complainte, la peur de l'éternel.
Mais je marche pourtant, en regardant derrière,
Où la plage se perd, et l'horizon se tend.
De ces vagues désirs, en rapides transports
Oui, j'ai atteint le port, mais jamais l'avenir.
Derrière dans le sable, mes traces profondes
Disputent le monde à ces vagues inlassables.
Et cette ombre immense, quasiment surhumaine,
Que mes pas promènent, au dos des dunes danse.
Cannes 2008 Valderoure 2020