C'est aujourd'hui.
J’ai trois ans, c’est peu et c’est beaucoup.
C’est peu d’abord, car trois ans c’est quelque petite partie ténue de ma vie
C’est une petite portion qui ne demande qu’à croitre un chouille
Et 3 ce n’est qu’un peu plus que 1.
C’est 1 plus 2 pour être exact.
Voila ce que je suis devenu, si tu te le demandais.
Je ne suis pas parti bien loin,
Je passe encore devant chez toi
Je marche, je roule ma bosse,
Et je me perds dans les nombres.
C’est bien beau à l’intérieur,
C’est âpre, c’est coupant parfois,
Mais que c’est puissant, intime et existentiel.
Tu as refusé la puissance intime, c’est bien dommage
Pour la puissance sur les hommes,
Pour la puissance vulgaire, toute relative, toute passagère
Si futile et injuste.
Mais je l’accepte et tu t’y plais, dans l’injuste justice.
Nous n’avons pas trop divergé finalement en ces trois petites années
Moi je divague
Toi tu vagues.
Mais c’est beaucoup ensuite, car trois ans
C’est mille-quatre-vingt-quinze jours
Pendant lesquels je me suis dit :
« Et si j’écrivais un poème ? »
Bien sûr, parfois
Je n’en écris pas
Souvent même
Parfois j’en écris cinq à la suite.
Parfois je suis dépressif et loquace
Parfois je suis enjoué et juste
Parfois je suis out, parfois in
Parfois je fais de la musique avec les mots, parfois je fais des mots en musique parfois je fais parfois mais
Mais toujours j’écris, à mon humble échelle.
C’est parti d’un rien,
D’un mot dans une tête.
Trois mots,
Deux vers qui riment
Deux vers qui m’ensorcelle et qui tourne dans l’air du soir
Je les répète je les répète ainsi qu’un encensoir
Je les répète absolument il faut je les répète pour ne rien oublier ce serait je les répète ce serait un drame
Je m’attache à ces mots, je les aime profondément
Je me rends compte qu’ils me plaisent
Qu’ils me font du bien.
Alors je les récite
En prière
Je retourne mon malheur dans mes mots, je l’évacue dans des mots noirs, noiiiiiiiiirs sur blanc
Puis j’attends et je regarde.
C’est rien que du pur, du pur d’émotion qui se cabre dans quelques lettres.
Mais c’est beau et il faut croire que j’ai aimé
Pour que quelques semaines plus tard, je remette ça.
Et quelques semaines plus tard encore.
Puis quelques jours plus tard.
Puis quelques jours plus tard.
Puis quelques jours plus tard.
Puis un jour plus tard puis quelques heures plus tard une minute plus tard une seconde la douceur malouine
Me fait écrire,
Me fait fondre en malheur premier.
Tu ne sais rien de tout ça.
Enfin, tu as su que j’écrivais.
Mais il était trop tard.
Tu étais changée, effacée, partie
Déjà dans le déni.
Ces poèmes ne furent qu’un horizon bien lointain
Que tu as pris soin de faire tomber à la renverse.
Puis je t’ai remplacé,
J’ai poémé,
Je l’ai annoncé,
On m’a ignoré.
Je crois que rien ne tourne rond quand je parle de poésie
Mais j’avance tout droit maintenant que j’ai trouvé à qui parler.
Encore un poème où c’est toi que je désigne quand je dis ‘tu’, tu dois te dire,
Toi qui n’as jamais rien lu de ces quatre-cent-dix-neuf petits textes insignifiants.
Trois petits textes insignifiants par semaines alors le tout ressemble à quelque chose
Il ressemble à ma vie.
Tu as ignoré ma vie, tu as ignoré mon amour oméguesque, tu as ignoré mes douleurs
C’est toi qui as créé tout ça.
Maintenant je fil droit, donc.
Je n’aime plus autant,
Je désespère moins souvent,
J’écris toujours des vers
Et ils s’améliorent, je trouve.
Et ils s’améliorent, et ils s’améliorent, et j’ai trouvé à qui parlé.
Trois ans, troisième défaite ?
Surtout qu’en ce bel anniversaire, je suis coincé là,
Comme s’il fallait à tout pris que j’écrive connnntiiiiiinuuuuuuueeeelleeeeeeemeeeeent
Comme si c’était une grande parade dénuptiée
Pour t’enterrer non pas six
Non pas sept
Quarante-huit
Cinquante
Soixante-quinze
Vingt-sept fois ou oui j’aime toujours les nombres
Cinquante fois non tu n’iras pas sous terre.
Et dans ces heures d’immobilisme
Alors que je me recentre un peu
Que je me rererends compte que je n’ai rien à craindre
Que j’ai tout à faire
Il ne me reste plus que quelques vingtaines
Pour écrire un peu
Pour joire d’espoir fin et goûter
Aux saveurs extrême-orientales
Pour écrire à elle en tu
Pourri des ailes qui tuent
M’égorgent quand j’écris trop.
Ce n’est pas bien grave
Enfin je le pardonne aujourd’hui
Car je fête ma troisième année poétique.
Dans ma chambre pour deux mois encore
J’ai le temps de rendre cette année dense
Cette année de paix
Cette année de paix dense.
Vendredi 27 Mars