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(Anthologie permanente), Henri Droguet, Grandeur nature


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Posté 05 août 2020 - 01:07


Henri Droguet publie Grandeur nature aux éditions Rehauts.


TEXTO

Le vent plus qu'imparfait la brise drue
murmure brisure friture à lanturlus
balaie des arpents d'or décroise
les flots précipités rythmiques
formidablement puis
lassement ravage et démantèle
l'hirsute hercynienne
herbe de guingois les guinguettes
breloques & berniques et c'est
le demi-jour lingot vermillon
l'incertaine clarté déjà qui s'exténue
dans l'ombre perméable épaisse
d'un sous-bois

congestionnés barbelés barbus qui s'avancent
inévitables les nuages
(ouate cartilage et papier crépon)
déroulent leurs fanfreluches
leur histoire farouchement libre sans
figures sans intrigues ni
commencement ni rien
qui ne finit pas

il y a toujours dans le noir
un orage lointain qui s'apprête à
bondir désordonner tondre
la mer où s'entremangent
la barbue l'émissole
le congre et la baudroie

un gibet grince
les corneilles se taisent net
les ajoncs les coucous les jonquilles
fleurissent le bord de l'étroit ruisseau
qu'on enjambe d'un pas
un pétrolier meugle dans la brume
qui sent le lait le fourrage ensilé le crin
des chevaux au pré
un chien bleu furtif et chimère
liche ses badigoinces

novembre la nuit la veille
au pays de papoésie
                        déjà
            quelqu'un meurt
                                    de sa belle mort
on se tient là encore et encore
comme une poule sur
un tonneau de goudron
on aime â ah! les heureux soupirs
et l'apaisant vertige! â
on écrit à tombeau ouvert pour
trouver le bon usage
du silence se dé/dire
et tenir
la mort à distance

                                    (12 novembre 2016)

///

PARADE

La mer c'est pré gagné
champ d'écailles & placenta croustillé
sourcier fulgurant misérable miroir
paillasse à compagnon* et gamelle aux étoiles
l'énorme crépitant fossoyeur mémoriel
chaudron des métaphores et route
dans l'ouvert
pour le partage le dénuement la besogne
malgré les toujours incertains savoirs
ça mûrit vaguement dans les grains
les bruines les songes
                        pour aller

au fond d'un enclos un homme bleu
se laboure et pleure
ricane rigole et pleure

Le vent épais(sement) découche
roule dans l'île aux cent promesses
le gratte-cul le laiteron
la salicorne et le cresson
un peuplier verdit
lâaube confuse et laiteuse
câest
                                    (30 mai 2019)

*André Frénaud


Henri Droguet, Grandeur nature, éditions Rehauts, 2020, 82 pages - 16⬠- sur le site de lâéditeur

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