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(Note de lecture) Ariane Dreyfus, Sophie ou la vie élastique, par Camille Loivier


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Posté 21 août 2020 - 12:10

<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...a71a7200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Ariane Dreyfus Sophie ou la vie élastique retouche" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2026be40a71a7200d img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2026be40a71a7200d-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Ariane Dreyfus Sophie ou la vie élastique retouche" /></a>Avec ce nouveau recueil de poèmes Ariane Dreyfus nous enchante. Et pourtant, a-t-on envie de dire, il parle de poupées, sâinspire <em>Des malheurs de Sophie </em>de la Comtesse de Ségur et de son adaptation cinématographique par Christophe Honoré, câest presque un objet de scandale. <br />Le plus grand des dangers est dans cette naïveté de la petite fille ; qui peut oser, et savoir oser, écrire sur des poupées au travers desquelles indiquer la violence, tout ce que vit lâenfant dans son intensité. Poupée neuve, poupée qui fond au soleil, qui se noie, qui brûle, câest le destin même de lâenfant. Que lâon soit une petite fille modèle ou une Sophie, le départ ressemble à la mort comme deux gouttes dâeau, les animaux quâon tue, les poupées quâon fait souffrir exprès le savent. Car pour lâenfant comme pour Sophie, particulièrement, tout est premier, vie avant expérience, philosophie avant réflexion. Alors Paul Valéry nous aide : «  La naïveté, jamais art plus subtil que cet art qui suppose quâon en fuit un autre et non quâon le précède ». Art de faire surgir lâémotion en nous, au moment précis de son surgissement, câest cela qui se passe, grâce à des mouvements subtils de syntaxe, de simples décalages, des dispositions qui sont comme une respiration altérée, nous y conduisent, parfois câest le simple suspens dâune question ou dâun fragment. Il semble que certains vers qui sont en équilibre au-dessus du vide, soient prêts à nous pousser dans le gouffre :<br />« Que nous reste-t-il aujourdâhui que nous nâaurons pas demain ? » (p. 14)<br />« Les mots nâexistent plus dans moi ma gorge/Sâils sortaient ce serait/ De la peine perdue » (p. 19)<br />« La vie nâest contenue dans aucun corps/ Mort il sort même de son nom » (p. 54)<br />Ce nâest pas tout dâisoler des vers, car ce qui compte aussi câest une forme de récit, on entre dans un autre monde, un autre temps, où il y a des personnages, on pourrait se sentir éloignés dâeux, mais ce qui nous en rapproche est lâessentiel, la reconnaissance de lâévanescence des choses. Lâécriture dâAriane Dreyfus nous renverse, chaque poème est un pincement face à ce qui nâa pas de durée, le geste de lâenfant, sa détermination dans le refus dâobéir, cette fragilité  et cette fuite de ce que lâon veut saisir trop fort. Câest peut-être là que lâon trouve lâélasticité de la vie à moins que dans le vers de Rimbaud : « Comme des lyres, je tirais les élastiques/ de mes souliers blessés ». Un chatoiement de sensations, dâimages qui ne sont pas celles du film, car ce que lâon voit est lâintérieur même des mots, ils sâagitent sous nos yeux comme des jambes sur une chaise trop haute.<br /><strong><br />Camille Loivier</strong><em><br /></em><br />Ariane Dreyfus, <em>Sophie ou la vie élastique</em>, Le Castor Astral, 2020, 107 p., 12â¬<br /><br /><em><br />Câest là<br /></em>(â¦)<br />Faire naufrage, sortir sa tête, se noyer, disparaître<br />Sortir sa tête, se débattre, être et seul<br /><br />Câest comme sâil avait encore le museau dans la vie<br />Et la mort dans lâeau, et seul,<br />Petit, et seul<br /><br />Sophie peu à peu devient<br />Une pierre brûlante<br /><br />Soudain elle remonte et cherche partout<br />Un grand bâton, il faut lui enfoncer la tête<br />Pour quâil meurt plus vite<br /><br />Plusieurs fois elle le fait, elle le fait plutôt que pleurer<br />Maladroite infatigable<br />Elle tape tantôt sur lâeau, tantôt sur lui<br /><br />Tournant autour de lâétang<br />Lâeau envahit le bas de sa robe, bientôt<br />Elle ne verra plus rien dans la nuit<br /><br />Cela a déjà eu lieu, cela ne recommencera pas<br /><br />(p. 72-73)<br /><br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/SsV6PLWOIog" height="1" width="1" alt=""/>

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