Hommage à Vigée
Mon doux, mon cher Claude Vigée a « donc » fini par devoir â lui aussi, â partir DANS le sable mordoré (lâinsondable poussière) pseudonymée : lâInfini !... mon dieu & dire quâil aurait eu 100 ans le début de janvier 2021. Il a rejoint au cimetière juif de Bischwiller (Bas-Rhin), son épouse Évy & son fils Daniel, psychiatre (né en 1953). Je nâai hélas pas pu assister aux obsèques, car le cimetière est minuscule & la cérémonie était limitée à 30 assistants.
Quand on songe à Vigée, câest lâimage dâun ANGE qui vous vient !... Je nâai jamais, dans ma drôle de vieille boucanée vie, rencontré pareille bonté, mieux dire : bienveillance & pensons-nous : Nâest-ce pas cela, le vrai signe du Génie, cet amour comme supérieur quâun Goethe ou quâun Victor Hugo donnèrent toute leur vie quasiment à chacune & chacun !... Et Schweitzer et Saint François dâAssise ?... bonjour à toi, même si tu nâes quâune vulgaire limace ou bien couleuvre, scarabée ou ver luisant ?...
Vigée a eu pour moi, autour de 1967-68, une importance quasi-vitale : jâétais alors coincé de chez « coincé », à peine si je savais me tenir debout en société ni même saluer (à cause de cet ex-beau-père M. de M⦠qui nous avait si maltraités, ma pauvre sÅur & moi). Câest alors que me voyant aussi rabougri & contourné & mal-dans-ma-peau, ce fils dâApollon & lui-même réchappé de lâaffreuse Shoah, se mit, un soir, à vouloir me « redresser » un peu, me « guérir » non pas ?... Jâavais déjà dans les 25 ans ; nâétait-il pas déjà un peu trop tard ?... Une fois que jâétais invité chez eux dans le grand immeuble au coin du Contades & de la rivière lâAar (le couple était reçu chez la mère dâÉvy, une madame Meyer), lâécrivain, alors âgé de 46 ou 47 ans, me prit à part dans sa chambre à lui & une heure ou 2 par je ne sais quelle bonne magie verbale, me fit comprendre quâil y avait eu « accident » & que je ne pouvais « sortir » de cette misère personnelle qui me bloquait tant !... Jâen fus si heureux, si délivré,⦠que le lendemain ou 2 jours plus tard je mâen fus lui offrir & encadrée, une très longue gravure qui représentait une filature de Bischwiller, dâimmenses pièces de tissu étendues au soleil !... (linge sale ?...)
Grâce à cette thérapie dâune demi-soirée, le purgatoire finissait & je sortis (sortirâ¦) avec une jeune fille de cette région là-bas (elle connaissait fort bien â par ses parents, â Vigée). Puis la vie nâarrêtait pas (ce qui ne veut pas dire grandâ chose) & je nâai (après toutâ¦) guère achevé ce labeur dâaccouchement de soi-même, car tant de décennies PLUS TARD (me dis-je doncâ¦) rien nâest terminé, il aura fallu ramer 52 ou 53 années pour sâapercevoir dâêtre encor pas épanoui & pas ⦠« métamorphosé » & pas encor du tout délivré !!...
Le serons-nous tous « jamais » â vous voulez rire ?... â délivrés ? alors que les USA entreront dâici peut-être 15 jours dans un ENFER de lâimpensable & nous donc alors que deviendrons-NOUS â TOUS ?...
Claude Vigée sâinscrit dans cette très longue lignée qui sur plusieurs millénaires produisit la sagesse & la gloire dâIsraël, ces nombreux sages & consolateurs & thaumaturges, magiciens de la parole qui nâont jamais arrêté de transmettre â à travers des dizaines dâautres enfers, â lâEspoir & lâEspoir & encore lâEspoir !... Debout les opprimés, les maltraités !...
Jean-Paul Klée
(Café de lâOdyssée, Strasbourg,
le 15 octobre, jusquâà 19h25)
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