un vers esseulé,
en suspens, orphelin, unique,
qui n'est raccroché à rien,
et qui, pourtant, en lui-même
renferme un monde
tel un enfant dans ses langes
abandonné au seuil de l'église
et au nom qui est déjà un destin,
Trouvé, Donadieu, Monte-au-ciel,
sauvé de la mort aujourd'hui
mais voué à être seul dans sa vie
tel l'appel de la corne marine
perçant, dans le lointain,
l'air immobile et le brouillard,
laissant craindre un naufrage
mais promettant aussi l'aventure
tel le premier trait inspiré ou rageur
du peintre sur sa toile,
ou bien le dernier cri de l'oiseau
atteint en plein vol par la flèche
tel l'angelus qui apaise, le soir,
et nous ouvre à la vie, à l'aube,
l'amoureux avant le rendez-vous
s'enivrant de ses propres mots
d'amour
. . . un vers qui nous hante
à tout instant, comme un mantra,
comme un Sésame, un refrain,
comme une ritournelle
un de ces grigris africains
inscrit en secret sur un papier
qui n'aura d'effet que si on l'avale
pour ainsi l'incorporer â son être,
la mana de ces anciens Pascuans
qui vous rend seul maître
de votre vie et de votre mort,
un vers qui, par sa seule magie
est une source d'espérance,
d'amour, de joie, qui nous guide
dans notre marche hésitante,
qui nous inspire, nous résume
et est capable
de changer une vie en destin