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(Note de lecture), Ishikawa Takuboku, Un Printemps à Hongo, par Isabelle Baladine Howald


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Posté 25 novembre 2020 - 02:02

<p class="blockquote MsoNormal" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><br /><br /><strong>Ce livre dâIshikawa Takuboku, publié par les éditions Arfuyen,  vient de recevoir le <a href="https://www.prixclar...urnalintime.fr/">prix Clarens du Journal intime 2020</a>.</strong> <br /><br /><br /></span></p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><strong>Takuboku  jusquâau bout</strong><em><br /></em></span></p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><br /><a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...6eecd200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Printemps-hongo" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2026be426eecd200d img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2026be426eecd200d-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Printemps-hongo" /></a>Ecrit entre le 7 avril et le 16 juin 1909, <em>Un printemps à Hongo</em> dâIshikawa Takuboku, publié chez Arfuyen, a la particularité dâêtre écrit bien sûr en langue japonaise mais en caractères latins, tentative de Takuboku pour renouveler la forme de lâécriture de la poésie. En effet Takuboku pensait que la poésie avait le devoir dâ «<em> être un compte-rendu exact, un honnête journal, des changements dans la vie émotionnelle dâun homme »</em> comme le cite Paul Decottignies dans sa préface très fine mettant par exemple en rapport le poète japonais et Proust. Menant une vie très précaire, pauvre et tourmenté, Takuboku est en quelque sorte acculé à ne plus tenir compte que de ses ultimes besoins physiques mais aussi intellectuels qui sont pour lui arrivés à bout de souffle : il veut faire une brèche dans la littérature japonaise pour y trouver une issue pour lui mais aussi pour elle, trop alourdie de traditions. <em>« Je cherche seulement lâapaisement </em>» écrit-il tout en sâobstinant tout autant à trouver des solutions pour continuer à se supporter lui autant quâà écrire. Très attaché à sa femme dont il est séparé pour des raisons pécuniaires, Takuboku vit une sexualité qui le harcèle, tombe amoureux dâune jeune geisha qui lui inspirera nombre de poèmes, il se trouve faible de caractère, mais a le courage de ne jamais rien éluder à ce sujet, il assume droit devant sa nature de poète qui nâa aucune excuse, un poète est un homme comme un autre et sa poésie doit en rendre compte de façon simple.<br /><br />Inutilité de la poésie mais impossible de faire autrement quâécrire les tankas (poèmes ancêtres du haïku) qui lâont rendu célèbre. Lâécriture dâun journal en caractères latins permet une sorte de dégagement de lâemprise dâun tradition lourde à tous points de vue, sociale, matrimoniale, littéraire. Ne se passant rien, lucide, rigoureux, Takuboku laisse là également un témoignage dâune grande exigence sur ses souffrances morales.<br /><br />Les éditions Arfuyen éditent Takuboku depuis longtemps : <em>Ceux quâon oublie difficilement </em>précédé de<em> Fumées, LâAmour de moi, le Jouet triste</em>. La parution de ce journal, traduit par Alain Gouvret en collaboration avec William English, témoigne de la fidélité dâun éditeur à un poète quâon ne connaît toujours pas assez.<br /><br />Né en 1886, Takuboku est une étoile filante puisquâil meurt en 1912 après une vie courte mais très dense, reconnu tôt dans le milieu littéraire tokyoïte pour son talent. Sa santé est fragile, son statut social précaire, sa vie personnelle très difficile, ne pouvant se résigner à une vie familiale qui lâentrave tout en étant très attaché à sa femme et à sa fille. Atteint de tuberculose, il meurt à 26 ans, laissant son dernier recueil terminé, <em>le Jouet triste.<br /></em><br />Durant lâannée 1909, il écrit ce journal <em>Un printemps à Hongo</em>, période de sa vie avant lâarrivée de sa femme, de sa mère et de sa fille venues le rejoindre, mettant fin à cette liberté dont il avait besoin autant quâil la maudissait. Takuboku est un être pétri de contradictions, <em>« à nourrir une anxiété sans force »</em> dont il souffre énormément. Hongo est un quartier de Tokyo où il vit très chichement, souffrant du mépris social, cherchant constamment des moyens de subsistance, travaillant dans un bureau en ayant envie dâêtre chez lui pour y faire quelque chose sans savoir quoi, prenant jour de congé sur jour de congé : <em>« je ne sais toujours pas ce que je suis censé faire ; mais derrière moi, il y a toujours ce « quelque chose à faire » qui me poursuit »</em>. Quelque chose ? Quoi ? Écrire. Insatisfait, constamment déplacé en lui-même par tout et rien, quelque chose quâil voit, fleur, nuage, ou ennemi potentiel : «  <em>En dépit du fait quâil y ait eu devant moi aucun ennemi de ce nom, jâai passé ces cents jours continuellement en armes. Tout le monde sans exception me semblait être un ennemi ».<br /></em>La fatigue voire un harassement certain le conduisant à lâapathie le cloue souvent sur son lit. En proie à des désirs qui le torturent, malgré son amour pour sa femme Setsuko <em>« Pourquoi devrais-je être enchaîné à cause de mes parents, de ma femme, de mon enfant ? Pourquoi mes parents, ma femme, mon enfant devraient-ils être sacrifiés pour moi ? »</em> Takuboku se rebelle souvent pour sauvegarder sa liberté mais aussi celle des autres, comme on le voit ici. De jour en jour, de semaine en semaine sâécrit ce journal plein dâautodérision, de lucidité, de tourments affectifs. Lâécriture en caractères latins a certainement ouvert une possibilité dâair dans la langue japonaise. Mais aura-t-elle délivré ce jeune grand poète de sa détresse, rien nâest moins sûr.<br />Un pied dans le XIX ème s, un autre dans le XX ème, quasiment à égalité au niveau du temps (14 et 12 ans) Takuboku signe aussi une fin de romantisme et un début de récit du moi moderne. Le journal se termine par lâarrivée de sa famille, son monde était « <em>flottant</em> » mais il reste cette tentative éprouvante et forte de <em>« changer la vie » </em>comme dirait un autre un peu plus jeune que lui mais qui mourra trois ans avant la naissance de la comète Takuboku, Arthur Rimbaud.<br /><em>Le jouet triste</em> (quâest pour Takuboku la poésie), quâil faudrait relire APRÈS avoir lu le journal tant câest en poésie son double, paraîtra après sa mort, recueil empli de la même tristesse, lassitude, dérision, impossibilité et désir. La mélancolie moderne au Japon commençait son Åuvre.<br /><br /><strong>Isabelle Baladine Howald<br /></strong><br />Ishikawa Takuboku <em>Un printemps à Hongo, </em>traduit du japonais par Alain Gouvret, </span><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';">Arfuyen, 157 p., 16â¬<br /><br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/o49Okx6gplA" height="1" width="1" alt=""/>

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