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(Note de lecture), Ariel Spiegler, Jardinier, par Claude Minière


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Posté 30 novembre 2020 - 10:01

 

6a00d8345238fe69e2026bdea94eaf200c-100wiSans titre

(les poèmes dâAriel  Spiegler, Jardinier, sont sans titres)


1 â Le poème est le poème, et tel quâil sâest écrit

2 â En catastrophe : il est sa première ligne et ce qui a suivi, ce qui sâen suit.
       La conséquence de la séquence, en quelque sorte.

3 â Si je donne un titre au poème, je reviens sur, le subsume, prends du recul, place une tête  sur sa chair.  Je lâen-tête et fige sa coulée.

4 â Jâen mesure la teneur :  je le titre.

5 â Si je prothèse le poème, je rectifie sa torsion (torsion de sainte en extase --- comme chez les Baroques).

6 â je lui fais porter le chapeau

7 â le tire vers le haut.  Il nâen a pas besoin.  Il est déjà, par lui-même, haut et bas.  Intègre. Sâélevant dans sa tombée.

8 â La sainte nâest pas pour la synthèse

9 â Elle est pour la retenue : « Ne me touche pas ».

10 â Elle rêve de rejoindre lâamant.

11 â Et lui, il doit partir.

12 â Il reviendra ?  On ne sait quant.  Il est venu.

13 â Un titre au poème : je lâéteins, pince la mèche.

14 â Sans titre elle déclare sa flamme.

15 â Le poème se porte --- à des extrémités.

16 â A quel titre le poème se présente-t-il comme poème ?
          Aucun.  Seulement par des décrochements.

17 â Sa chair ne pend point au croc dâune devanture.

18 â Pourtant elle est en attente  --- parfois torturante (torsion de la grammaire, alors)

19 â cependant, jamais lâarc hystérique.  Car ouverte.

20 â Nue comme la flamme.  Pas de camouflet, ni dâheaume

21 â Un homme --- le Ressuscité, pris pour le jardinier.

22 â Pris pour ? Ou est-ce une ruse ?

23 â La ruse nâest pas absente de la femme amoureuse.

24 â elle est son jardin.

25 â Le plus doux des poèmes commence ainsi : « Tu es méchant, je crois ; »

26 â La suite à lâavenant, après le point-virgule (rare).

27 â Elle a couru.  On lâentend dans la respiration.  Dans le poème attitré.

28 â Elle est allée à fond.  Et pourtant frivole, aujourdâhui quâelle est libre.  De se retourner sur le côté.

29 â Le poème est crise, il ne veut pas dâhypocrisie.

30 â Le poème dâAriel Spiegler nâa pas de titre car il est un miroir où lâon voit lâautre.


Claude Minière
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Ariel Spiegler, Jardinier, Gallimard, 2020, 104 p., 11,5â¬



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