#1
Posté 17 mars 2021 - 09:09
ceci n'est point pour vous dit le poète
qui traverse non sans morgue les saisons
et blasphème les lois scélérates
D'ailleurs à peine adresse-t-il la parole
aux canailles cravatées
dont les abois accompagnent le train du monde
bercent le massacre des innocents
Viscéralement l'indifférent
les médaillés et panthéonisés de tout poil
avec leurs raisons ô combien raisonnables
avec leur sagesse qui transige pactise renie
Car il s'honore de mal penser
et sa voix que çà et là frange le rêve
met à nu le réel
exhibe l'indécence de ses bavantes idoles
Il n'a besoin de bravos
pour descendre aux enfers du coeur
y combattre la chiennerie officielle
y quêter l'or vivant d'un baiser sous les fanges
Seul contre tous s'il le faut
il brise les miroirs de complaisance
où se pavanent à l'envi les châtrés de l'âme
Amour lui suffit
- Emrys, Dad Allaoua, Diane et 5 autres aiment ceci
#2
Posté 17 mars 2021 - 06:41
En route vers le paradis
Il y a cinquante ans, venus pour présenter
Les croquis d'un projet de monument sculpté
Érigé en mémoire du Soldat inconnu,
Deux artistes se rendent au nord du Kazakhstan,
Là où sont déportés par villages entiers
Des peuples que la guerre a conduits bien souvent
Dans des camps opposés.
Un autobus manqué, le seul de la journée,
Il en faut davantage pour arrêter ces hommes
Dans la force de l'âge, et les deux amis partent
Vers le lointain village qu'ils doivent regagner ;
Des heures à marcher sans se décourager,
Écrasés sous le feu d'un implacable été,
Harcelés de nuées de moustiques zélés,
Bravant les kilomètres dans la steppe eurasienne
Avant de s'arrêter, fourbus et assoiffés,
Près d'un puits isolé des plus providentiels.
Un couple très âgé qui n'avait pas croisé
La route d'étrangers depuis belle lurette,
Accueille avec bonheur ces rares visiteurs
Dans la pénombre fraîche de l'humble maisonnette.
Le vieillard sympathique à la barbe fleurie,
Un vieux Russe typique des contes folkloriques,
Leur sert alors à boire une bonne vodka,
Évoquant, nostalgique, le tout jeune soldat
Qui avait découvert avec sa compagnie,
Lors de la Grande Guerre, le plateau d'Arménie ;
Sa montagne sacrée, Ararat, et le lac
De Van aux bleus reflets, tableau paradisiaque
Gravé à tout jamais dans ses yeux éblouis.
Puis la route reprend, jusqu'à ce qu'elle s'inscrive
Dans chacune des fibres des muscles douloureux,
Et quand au loin paraît sur le chemin poudreux,
Croix-Rouge sur fond blanc, le mirage tremblant
D'une unique ambulance, l'espérance renaît...
Il faut saisir sa chance et ne pas la lâcher.
Un seul geste suffit et les portes arrière
S'ouvrent sur une scène digne du Paradis ;
Car là, sur la banquette, d'une blancheur de neige,
Radieuse vision, des anges sont assis !
Ces fraîches jeunes filles en blouse d'infirmière,
Aux si roses pommettes et ravissant sourire,
Se sont un peu serrées pour leur faire une place,
Les laissant bouche bée, jusqu'au prochain village.
Gentiment escortés des belles polonaises,
La suite du voyage n'en est que plus léger ;
S'achevant en un rêve à demi éveillé,
Comme si ils allaient embarquer vers Cythère...
Laurence
19 janvier 2020
Ce poème est dédié à Monsieur Hovhannès Haroutiounian qui m'a confié ce souvenir.
Diatribe acerbe et forte, impeccable dans la forme. Mais, où est ce Jésus chassant les marchands du temple, ce redresseur de torts, cet ange exterminateur?
La dénonciation passe par la violence de la parole, dans la poésie comme dans la tragédie antique, et cette parole violente - c'est peut-être sa vraie fonction? - a un effet cathartique, dans la critique, l'attaque, mais aussi pour se purger de ses passions et de ses maux. Chacun doit faire ce travail sur soi-même, en toute conscience, en toute liberté.
Car, en réalité, le monde n'a pas besoin de sauveurs, d'hommes providentiels. il doit se sauver lui-même.
- M. de Saint-Michel, Julien Hoquet, patricia moles et 1 autre aiment ceci
#3
Posté 17 mars 2021 - 06:53
Les coups de gueule ont, peut-être, aussi pour fonction de réveiller les consciences assoupies, chloroformées...Diatribe acerbe et forte, impeccable dans la forme. Mais, où est ce Jésus chassant les marchands du temple, ce redresseur de torts, cet ange exterminateur?
La dénonciation passe par la violence de la parole, dans la poésie comme dans la tragédie antique, et cette parole violente - c'est peut-être sa vraie fonction? - a un effet cathartique, dans la critique, l'attaque, mais aussi pour se purger de ses passions et de ses maux. Chacun doit faire ce travail sur soi-même, en toute conscience, en toute liberté.
Car le monde n'a pas besoin de sauveurs, d'hommes providentiels. il doit se sauver lui-même.
Merci pour votre lecture - et votre commentaire (comme toujours) éclairant.
- Julien Hoquet et Laurence HERAULT aiment ceci
#4
Posté 18 mars 2021 - 06:42
Merci Jped d'avoir réveillé en nous cette image de Jésus chassant les marchands du ermple, aux paroles de feu...
Je pense comme vous que le bien du monde passe par le changement de nos propres cœurs ....
Cordialement,
Patricia.
- M. de Saint-Michel, Julien Hoquet et Laurence HERAULT aiment ceci
#5
Posté 18 mars 2021 - 09:46
Merci pour votre passage.Merci Jped d'avoir réveillé en nous cette image de Jésus chassant les marchands du ermple, aux paroles de feu...
Je pense comme vous que le bien du monde passe par le changement de nos propres cœurs ....
Cordialement,
Patricia.
- Julien Hoquet aime ceci
#7
Posté 18 mars 2021 - 06:54
Autrement dit, l'essentiel...''L'Amour lui suffit'
Merci à vous.
- Julien Hoquet et Laurence HERAULT aiment ceci
#8
Posté 23 mars 2021 - 09:22
J'aime, et même sans autre commentaire. Merci !
- M. de Saint-Michel, Julien Hoquet et Laurence HERAULT aiment ceci
#9
Posté 23 mars 2021 - 01:10
C'est bien l'essentiel...J'aime, et même sans autre commentaire. Merci !
Merci à vous.
- Julien Hoquet et Laurence HERAULT aiment ceci
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