Voyager.
Vivre les campagnes enneigées
Aux creux des hivers
Pleins de loups et de perroquets malades
Ces campagnes d’eau douce qui étincellent sous le soleil rasant
Les herbes blanches ;
Vivre les caravansérails
Des temps loin d’ici
Du temps où l’on hume à la fois l’iode et les cendres
Sur des chameaux ou des destins
De sable blanc ;
Vivre les villages bien français
Les maisons ben imbriquées les artères de terre cuite sous les pieds
Dans le soupir des vents enlacées et l’écume
Des tourbillons qui décoiffent
Ta toison blanche ;
Vivre les oligarchies orientales
Dans la toundra rougeoyante des promesses égarées
Qui fait vivre les esturgeons des forêts boréales
Qui fait vivre les heures de tabliers affolés
Une dame blanche ;
Vivre les temples abandonnés
Par leurs pierres moussant dans la brume
Humide ces légendes aux hérauts hérétiques
Étranglés par des lianes aux senteurs apocryphes
De musc blanc ;
Vivre les plages armées
De leurs serviettes pointues et de leurs courants d’âme
Quand leurs reflets me disent « souviens-toi »
Et que je me souviens encore
De ton teint ivoire
Mais en l’instant disparue
Je ne peux penser plus
Qu’à ton absence infinie
Et à ce blanc de ma vie
Que je dois décomposer
Par ton retour espéré
Fléchissant les campagnes
Les déserts et les ruelles
À travers toi je m’accompagne
Vers ton retour fidèle
Dans les chansons et l’image
De mon sourire figé
Dans les poèmes mon âge
Te supplies, reviens voyager !