au hameau de L'Estellon,
sous un ciel uniformément bleu,
de ce bleu grisé de septembre
à la douceur un peu triste
qui incite à la mélancolie,
avec, déjà, le regret de l'été,
la forte chaleur de l'après-midi,
sur ce versant à l'ombre
fait place au froid de la nuit
et, rompant leur immobilité
des heures chaudes,
un léger vent fait tressaillir
les feuillages, s'incliner,
de façon à peine perceptible,
le sommet des jeunes cyprès,
se balancer lentement
les hautes branches du noyer,
frissonner nerveusement,
sous nos fenêtres, l'arbre de Judée,
dont les larges feuilles rondes,
légèrement ourlées par la soif,
s'animent soudain, palpitantes,
comme aux premières caresses
la craintive jeune fille à peine nubile
qui s'ouvre sans le savoir à l'amour
tandis que, à nos pieds, immuable,
cachée au fond de la combe,
l'humble chapelle et son clocher-mur
veille sur le carré du cimetière,
sans souci du temps ni des saisons