Vivre encore, vivre toujours !
Je ne veux plus décompter les printemps,
les premières fleurs sous la rosée
qui, timides, naissent dans les névés,
Le défilé des canards caquetants,
Je veux entendre le chant des oisillons
s’il me conte la splendeur des aubes
comme l’odeur enivrante des roses.
Inlassablement passent les saisons;
Je les aime toutes, et je les crains
comme un sombre guetteur, désabusé
par le flot impétueux des années,
sicaires zélés d’un temps assassin.
Je voudrais des crépuscules sans fin,
Vivre à rebours follement les saisons,
M’enivrer de chaque instant sans raison,
revoir chaque aube, chaque matin,
jusqu’à ce soir où belle et rebelle,
sur les rives du Neckar enflammé,
tu m’as confié ton rêve d’éternité .