Chaque maison un peu ancienne a une histoire, chaque maison garde mémoire de ceux qui y vécurent. L’un des précédents propriétaires de ma maison était anglais. De vieilles enveloppes de courriers m’ont appris qu’il avait débaptisé la rue, pour les lettres qu'il recevait, et se faisait écrire avec cette seule adresse : « Riverside ».
Il me plaît, à moi aussi , de vivre à « Riverside » ! – Il est vrai que la rivière rythme le temps, ici, celui du jardin, comme celui de la maison : elle s’assèche, elle inonde ses rives, selon son humeur, héberge une faune qui trouve de quoi vivre, tandis que ses bords accueillent les saules, les aulnes, les roseaux... Je pourrais dire que la maison est amarrée à la rivière.
Et puis cet Anglais rêvait d’antiquité grecque et il a laissé dans le jardin les empreintes de tous ses rêves, créant des colonnades, érigeant même un kiosque qui donne sur l’amont de la rivière. C’était son « Grand Oeuvre » ! Le jardin est toujours agrémenté de ces colonnes grecques, destinées, désormais, à porter des vasques de fleurs.
Je doute, pour ma part, de laisser une quelconque empreinte à ce jardin et à cette maison : ce que je crée, ici, ce sont des constructions de mots, sur d’innombrables carnets, que mes héritiers, un jour, ne sachant qu’en faire, feront voler aux quatre vents, ou brûleront pour se chauffer, les nuits d’hiver.
30/8/2022