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4 sonnets

pour le principe !

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2 réponses à ce sujet

#1 N. G.

N. G.

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Posté 26 novembre 2022 - 12:30

                      Deux Rois

 

                             I

 

Le roi, triomphateur du géant philistin,

Oint d’huile et de dons au jour de sa naissance,

Œuvrant à libérer le pays en souffrance

Coiffé par le diadème ou le casque d’airain,

 

Devant le tabernacle orné du chérubin

Fait preuve face aux siens de crainte et de méfiance,

Lui qui venait alors en toute indifférence

Tuer l’Amalécite autant que le Hettien ;

 

Aux jours durs d’Absalom comme à ceux du prophète

Qui posa sur son crime une question muette

David reste fidèle à ses commandements,

 

Ephèbe, rêvait-il, tout en rythmant sa lyre

Aux cotés de Saül qui livre ses tourments

Et de sol qui s’effondre et d’azur qui délire ?

 

 

                           II

 

Père des peuples, vojd, ogre rouge, assassin !

La Pologne à ta voix soutient la batterie

Déversant ses obus sur son peuple qui crie

Et tu bois ton alcool assis sur un coussin !

 

En toute impunité ton tribunal enceint

Le koulak, l’ouvrier, le soviet, la patrie

Envoyés par paquets crever en Sibérie,

Pareil au Belzebuth libérant son essaim.

 

Autrefois à Tiflis, des bancs du séminaire,

Vis-tu pleurer Jésus cheminant au calvaire

Et s’affermir les saints dans l’or de leurs tableaux ?

 

Ou peut-être appris-tu chez les braqueurs de banque,

Ecrivant au parti des poèmes nouveaux,

Que le vrai monstre point quand tout un public manque ?

 

 

               Le Lion et le Bœuf

 

                              I

 

Parmi les acacias et une avoine jaune

Le félin affamé se déplace sans bruit,

En ses grands yeux ambrés où l’âpre soleil luit

Vient défiler la mort de la placide faune,

 

Un bond et les bosquets de piaillements résonnent,

Un buffle maladif subitement s’enfuit,

Quelques vautours, plus haut, circulant dans l’ennui

Observent ces longs crocs qui laisseront l’aumône,

 

La nature brûlante annonce un triste sort,

L’animal affaibli, sans grand espoir, ahane, 

– N’a-t-il jamais voulu que brouter la savane ? –

 

Le fauve s’en saisit dans un dernier effort ;

A l’image des rois dont on grava le marbre

Le lion vient protéger du pillage chaque arbre.

                                                                            

 

                             II

 

Le bœuf a parcouru les herbages d’été

Et mugit dans le froid lorsque l’hiver s’étale

Et savouré parfois des fleurs chaque pétale

Ou plongé dans un lac son pelage maté,

 

Fermes maîtres des loups, des hommes l’ont dompté

Et ceux qui sont restés sur leur terre natale

Contemplent des vieux prés le monde qui s’installe

En arasant ces lieux pour un plaisir gâté ;

 

La plupart à présent sont regroupés en bande

Et du fond des enclos où palpita la lande

Attendent sans regret leur ultime départ,

 

La vigueur retranchée en quelques regards mornes,

Leurs vits émasculés et leurs têtes sans cornes,

Antique amant d’Europe et figures d’Ishtar.



#2 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 26 novembre 2022 - 01:07

Une belle maîtrise de l'art du sonnet.

(Le vers 2 du dernier sonnet n'a que 11 syllabes : en remplaçant "quand" par "lorsque", on aurait bien alors un alexandrin...)

#3 N. G.

N. G.

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Posté 26 novembre 2022 - 01:41

La honte ...  :mellow:

 

Merci M.