Sade et la Révolution
Sade, dont une aïeule illumina Pétrarque,
Emprisonné douze ans par l’opprobre royal,
Est révolutionnaire en ce matin glacial
Clamant à la section sa sincère remarque :
« N’observes-tu Paris combien le peuple s’arque
Sur l’espoir d’une église au principe trivial
Où l’improbable mythe et l’informe signal
Corrompent les vertus bien plus que le monarque ! ».
Robespierre, furieux, qu’on toise le divin
Elance à l’assemblée un discours souverain
Contre ces asociaux prêchant leur foi mutine ;
Sur son cou meurtrier s’abat le couperet,
Et l’écorcheur d’enfants écrira guilleret
Pour des intéressés les malheurs de Justine.
L’arbre
Varuṇa
En ces temps reculés la parole prend forme
Et l’homme doit autour dans l'effort et le sang
Démontrer chaque jour d’un regard triomphant
Qu’un labeur est l’espoir et son respect la norme.
Varuṇa s'épanouit dessous la voute énorme,
Près de l’âtre on surveille une flamme brûlant
Dans le culte honoré par le dieu qui défend,
A l’autel allumé chaque indien se conforme,
La cité voit pointer des temples inconnus,
Parfois dans la pénombre affleurent les rébus,
Les habitants s’en vont en priant à leur tâche ;
La plupart sont conscients que le maître du ṛta
Peut juger des serments en couvrant de māyā
Et partagent la peur qu’un voile les attache.
Deux Semaines
Six jours chaque semaine, onze heures chaque jour
Et trois fois l’angelus, par Dieu beaucoup travaillent
Au front mieux que l’esprit n’est que sueur qui vaille
Pour que Paris au monde élève quelque tour.
La république au vote annonce choisir pour
La réforme de Blum et la Gauche ripaille
Les marteleurs d’acier et les faucheurs de paille
Visiteront La Baule, Antibes et Cabourg.
La nationale sept mieux qu’un Chemin des Dames
Pourra combler les cœurs et apaiser les âmes ;
Chacun vient à rêver de son jardin d’Eden,
Le prolétariat, les bourgeois et l’église
Espérant le soleil, rempliront leur valise
Certains prendront le train, d’autres la Citroën.