la chair perdue
comme dans une descente de croix
ou une descente aux enfers,
la nuit bouillonnante hantée
de Dracula, de démons, de chimères,
des errances douloureuses
dans les marais infects et puants,
le corps terrassé, comme le cavalier
jeté à bas de sa monture...
mais pourtant, dans ce naufrage,
l'esprit émergeant du gouffre obscur,
cherchant éperdument son chemin
de Damas, sa vérité intime,
face aux horizons morts,
qui brusquement s'animent
comme après une pluie
refleurit le désert
résurrection,
à l'image de ce vieux sage d'Hanoï
survivant avec un quart de poumon
depuis ses lointains dix sept ans
et qui sortait, tous les matins,
de sa nuit noire comme d'une tombe,
de sa mort larvée,
à force de patientes inspirations
rauques, de plus en plus amples
jusqu'à ce que " son soufflet"
ait enfin recouvré sa pleine mesure
chaque aube nouvelle marquant
la douloureuse et virile victoire
de la conscience et de la volonté
sur la matière,
de l'esprit sur la chair,
de la vie sur le néant.
( 2013 )
En souvenir de Nguyễn Khắc Viện (1913 - 1997), une des figures historiques de la résistance vietnamienne,
Un de ses petits poèmes :
« Ami, oublie un instant les soucis et arrête-toi pour regarder les flocons de neige qui tombent, lents comme les pétales des fleurs de prunier. »