à peine
j'ai enfilé ma chaussette droite
et me suis mis en route
que, se sentant peut-être à l'étroit,
sournoisement, elle se rebelle,
se contorsionne et, peu à peu,
son talon glisse et se déplace
vers l'intérieur de mon pied
elle se prélasse là quelque temps,
sans se soucier de l'inconfort
du pied et de son propriétaire,
puis, au prix de nouveaux efforts,
elle atteint enfin son but ultime,
le dessus de mon appendice,
vengeant ainsi les humiliations
de toutes ses sœurs et aïeules
piétinées impunément par nous
depuis tant de générations
elle trône maintenant fièrement
dans cette position tant désirée.
assurée enfin de son triomphe
et sûre de son bon droit,
tandis que je la regarde, curieux
et amusé à la fois de la voir ainsi,
comme la bosse d'un dromadaire
qui ballote piteusement
sur son dos
après quarante jours de désert,
de marche harassante et de soif
( histoire de chaussettes achetées sur un marché,
sans doute déclassées en raison d'un défaut de fabrication )