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Guillaume d'Aquilée

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#269193 Passio

Posté par Guillaume d'Aquilée - 20 juin 2014 - 07:01

Je suis dit Jésus l'homme de haute qualité
toute ma fraise frise en frissons froids
mortifères frères ils se rient roides et mauves
mes plaies poissent purulentes et lentes montent
les soucis de ceux qui sans moi sentent l'arôme
de la Rome attique la Rome à trique me matraque
bout de bois coups bas coups de pans de bois coupants
cloue-moi Romain porte ton coup et ris
l'Illyrie roide aux rapaces rares passe
sous mes yeux soumet Dieu semé d'yeux arborés
arborescences essences d'arbres d'Abraham
soumis à Dieu sous ma chemise le sang rit
claquent éclatent écarlates veines voici je ris je suis
des polypes à peau lisse éclatent en purulences moites
épars le sang sur les poteaux le sel scie mes ssssssss
de mon sang se parent les soldats s'emparent aux dés
au dépourvu se parent de ma chemise moite de sang
fait signe à tes soldats puissants que mon sang sèche
que mon sang sue à mon front taches de sangsues
les doigts du soldat qui doit du soldat qui de ses doigts
scie ma carcasse fait ses délices de l'arbre où je pends
voici l'os qui dépasse voir l'os pour les rapaces est un délice
fi de l'or et des délires je passe sssssssss
en frissons froids passent les purulences framboises de sang sale
poème sur sa proie sursoit sur soi sursaut
sursaut du rapace sur sa proie Rome passe 

je suis dit Jésus la proie de Rome qui passe.




#267831 Éclat - Masque occidental

Posté par Guillaume d'Aquilée - 08 juin 2014 - 08:45

J'ai mis le fer autour de mes paupières et sur mes lèvres la rosée
pourpre de Tyr.

Au matin qu'il vienne ce chant d'ouest et qu'un prêtre éloigne sa main
du marbre ensanglanté où furent hier consacrées des noces d'océans entre
la sterne sifflant de pôle à pôle et l'orée blême des palétuviers, parmi
les barques sur l'écume au creux des crêtes qui craquent à tue-tête,
barques d'hommes criant contre le vent - qu'il vienne au matin vif le
chant qui craque la poitrine des hommes en haute mer, et leurs vaisseaux
comme des grandes bêtes sans regard éploient parmi les creux et les
bourrasques des voiles de cuir rouge sur d'immenses mâts d'acier.

J'ai cousu de mille aiguilles d'or les cicatrices de mes guerriers.




#263540 Crash de la base de données.

Posté par Guillaume d'Aquilée - 12 mai 2014 - 10:41

« Tout à reprendre. Tout à redire. Et la faux du regard sur tout l’avoir menée ! »
Saint-John Perse - Vents




#261869 Éclats de stridences éparses

Posté par Guillaume d'Aquilée - 25 avril 2014 - 07:23

Île-cierge en nudité adolescente
un parjure serait comme la goutte glacée
accident qui fige la fragilité
dans le tremblement de ta flamme pour toujours éteinte.

*

Le reflet de la sœur morte
dans la fenêtre qui s'ouvrait sur l'hiver
son cadre en éclats dont la glace couvre les fractures
seule provision de chaleur dans ta mémoire tremblante.

*

Des heures tonnent dans la pénombre
ce n'est même plus une guerre.

*

Dans cette chasse-là
l'oiseau et la balle endeuillent l'éclair
et la salive poisse comme de la craie.

*

Hirsute et sale
un enfant triste
ne regarde rien.

*

Quand tu n'as rien à te faire pardonner
l'or lui-même est désargenté.

*

La cloche du village sonne les heures
Dieu a oublié d'arrêter l'horloge.

*

Pomme sur la poitrine d'un mort
Le thé refroidit sur la table presque mise
L'enfant regarde un livre au titre étranger.




#261003 Stance orphique

Posté par Guillaume d'Aquilée - 19 avril 2014 - 10:25

Si silence d'or
si six lances
dors ma science
d'or ma stance
si six lances
au constant vol
six lances d'or
autant volent
aux relents d'or
primevère constellée
constance est-elle
plus que l'âtre
antre du pâtre
qui fait l'hiver lisse
parsemant ses silences
semences de la stance
à venir à pan d'or
silence au temps fort
âtre des merveilles
pâtre de Pandore
âtre au feu neuf
lave les lessives d'hier
linge mou des tiédeurs rances
poissant l'hier aux plaies puantes

Six lances faisceau d'or
année d'or Anésidore
issu de Pandore
mon âtre à feu
frappe monnaie
glaive et lance faisceau pourpre
pâtre de Midi garde le Roi
son trône git dans mes béquilles
son thrène à tue-tête
sa tête joue aux quilles
féline sirène
sire que fait ta reine
Sélène aux fers saigne l'écume
tu t'es dit d'or comme les pommes
suint des agrumes aux sirops rances
vergers de mort sont ta potence
omnipotence
ventripotence
tu danses tu tances ma stance
moi pâtre à l'âtre au feu qui dort
je bats monnaie pour l'heure d'or
qui danse et danse encore
danse l'enfance au rire d'or

Stance au silence
enfant qui dort
silence est science
pour qui vit l'or
et but de l'eau
des jarres de Pandore
année si d'or
enfant qui dort
Anésidore
avant l'aurore
pare mes plaies
de tes peintures
face à l'aurore
orage d'or

Enfant silence
de ma science
âtre aux confitures
d'agrumes doux
mes pommes d'or
sont ma monnaie
campe mes bêtes
près de l'âtre
enfant de pâtre
veille nos mondes
enfant de l'âtre
au rire d'or
feu délire aux regards
tu fais les hommes fous
six lances en faisceau
silence au ponant fort
d'ire de l'or
tonnant l'éclair
rage de l'or
frappe monnaie
orage fort
frappe monnaie
l'enclume sied
à ma Syrte
Syrte au marteau
Syrte à l'éclair
battant de fers
chair des rois d'hier
voici tonnant
l'hirsute Anésidore
jarre à l'éclair
offerte en âtre
claire jument
dans ma nuit d'or

Orange et pomme
de nos feux
huiles et miels
de nos Cieux
ici les hommes
n'ont point d'yeux
lèvent les mains
vers les Cieux
pleurant criant
bavant mourant
fête des morts
pour mon aurore

Ici les hommes
n'ont point part
l'or fait à tue-tête
l'or fait à tue-tête
Orphée tu têtes
lourde bête
au ponant qui rugit
ponant qui rougit d'or
au matin lourd
chargé de chants
chants d'âge d'or
orage et vent
chants d'âge d'or
orage et vent

L'Orphée des lances
du silence
tait ma science
en tes yeux morts
silence d'or
est dans tes stances
six lances d'or
parent ton vol
terre des morts
frappée d'orage
ma monnaie ma monnaie
ma monnaie ma monnaie
ma monnaie ma monnaie
frappée à l'or des morts
Mammon est mort
de mon feu d'or
L'or fait délice du silence
science est mort
pour qui tait l'or
enfant frappé d'éclair
enfant né de l'éclair
clarté d'or Orphée des lys
enfant né porte mon chant
Sélène à tue-tête
pare nos nuits
sous la terre nous éclaire
porte d'or et de jasmin
porte d'écume brille d'or
Mammon est mort
et l'argent saigne
Mammon est mort
et l'argent saigne

L'âge d'or est d'Orphée
L'âge d'or est fait de nuit
Soulage mes blessures
dit Orphée à la nuit
panse mes grands rêves d'or
science des lys et des jasmins
Parent des délires d'or et des parfums
L'or fait délice du silence
L'or fait des lys
des puits de science
six lances sous l'orage
six lances d'or
à l'âge d'or
enfance d'or et du silence
Orphée danse de sa lyre
Six coudées franchies sous son pas
temple des morts comme une hélice
visse l'éclair des lyres de ma stance
cadence danse Orphée délire
orage enfant des matins d'or
orange et pomme douce-amère
prémisses du jour d'or
compotier d'Anésidore
garde l'amer des morts
en ton giron.
 




#260736 Anowarakowa

Posté par Guillaume d'Aquilée - 17 avril 2014 - 12:29

Un souffle large et puissant d'une grande beauté... (Je pensais, parfois, en vous lisant, à Saint-John Perse.)

Il y a une courte citation (imbriquée) de Perse, mais mon inspiration est plutôt du côté de Senghor et de certains poètes épiques américains - puisqu'il est question ici d'être contemporain d'un événement quelque part sur la côte ouest de l'Amérique précolombienne - en plus des classiques latins Ovide et Catulle, et du Flaubert de Salammbô.
La peinture de Frederic Edwin Church n'est pas loin non plus, ainsi que le souvenir d'un séjour parmi des Amérindiens du Canada.
Dans ce type de poèmes j'essaie de porter un regard détaché vers et au sein d'une forme d'existence étrangère au monde actuel et saisie dans son jaillissement. Même si, dans d'autres poèmes, l'événement peut être contemporain, son récit est inactuel et situé dans la totalité des événements naturels, réels ou imaginaires comme dans les Deux Fragments d'Atlantide.

 




#260689 Anowarakowa

Posté par Guillaume d'Aquilée - 16 avril 2014 - 05:48

Sur ma terre près le matin il se fait orage,
Sur ma terre en Ouest le matin doit tonner.
Déjà l'Océan craque des pans de falaise en Ouest,
oiseaux de mer hurlent au matin,
oiseaux de terre rasent l'herbe haute comme les blés couchés
sur ma terre au Couchant des mondes
où le matin tarde dans le ciel d'orage.

Voici, et j'ai dit, le ciel n'est point encore distinct de la mer
et la terre, mon Ouest, hurle les oiseaux
qu'agite la promesse de l'éclair.
A point nommé l'obscur entoure
tout ce qui veut vivre et qui vient à vivre
et nul encore n'est frappé de sa charge de ténèbres.

Des plaines anciennes quelques hommes sont aux aguets
mais nul chant des hommes ne se joint aux premiers cris des bêtes
et les feux de l'hier s'éteignent en silence dans les cendres du matin,
sous la charge d'orage des nuages où l'éclair est pressenti
Mille pupilles noires se lèvent, ouvertes encore sur la nuit sans ténèbres
et les premiers embruns se mêlent aux clignements de leurs paupières de vivants.

Voici, et j'ai dit, sur ma terre en Ouest l'orage lève sa tête
et l'Océan, de toutes parts, craque les rivages où les bêtes inquiètes
convoquent les hommes à cette fête du poème
où s'en vient le matin par les senteurs d'orages et d'écumes:
Sur ma terre le Soleil !
Sur ma terre l'éclair et le claquement du Ciel !
Sur ma terre le déferlement des vagues en cascades
et le sifflement de joie de jeunes dieux innommés font du Ciel
et de la Terre un flamboiement sacré de mille feux:
C'est le vent et c'est la pluie, c'est le hurlement de tous les oiseaux
de terre et de mer, des bêtes lourdes mugissent
yeux levés au ciel et pupilles dilatées dans l'éclair !

Les blés battus éclatent tels des champs d'or sous les éclairs
Les tentes des hommes découvrent mille constellations inouïes
pour les yeux des enfants qui pleurent et des mères qui les consolent.
Les lances des chasseurs plantées en faisceaux couvrent la plaine
et certaines aussi seront touchées par l'éclair.

Sur ma terre aux orages le matin vient
Sur ma terre en Ouest un Orient s'éclaire
Et la terre en sa fête de vivants convoqués sous le Ciel
Découvre la mer au regard des enfants neufs du matin d'orage,
regard chargé des constellations des tentes dans l'orage
Regards lavés par la pluie d'orage et les mains maternelles,
Pupilles franches et noires dans le matin frais
Où le soleil porte promesse de blés et de chasses
Dans une lumière neuve et partout d'or.

Les lances sont aux mains des hommes
qui chantent à l'Ouest une louange aux grands morts.
Puis tournés vers le soleil ils peignent des blessures
et vont à leurs chasses dans le sourire d'un enfant moqueur
dont la main arbitrera les joutes au soir près des feux et des tambours.

Sur ma terre près le matin l'enfance veille dans la joie.




#260492 Elegie d'Amore

Posté par Guillaume d'Aquilée - 15 avril 2014 - 12:25

Non - je voudrais encore l'occasion d'une tendresse
plus qu'un regard échangé, pas encore un baiser mais
il n'y a plus que des cristaux, des vitraux
peut-être une fois l'occasion d'un psaume
peut-être

Agnelle, chère, engourdie tantôt et pas encore
à l'épars des chairs pliées du naissant
l'éveil à point nommé à peine t'effleure
du doux frôlement des tisanes de l'automne
que mon désert apprête de ses saveurs absentes
presque

Suint de l'estoc à mon flanc et le noir tison que peine
à couvrir l'atroce cicatrice de midi
non je n'oserais non je ne voudrais jamais
plus que ton clair regard échangé sans pitié -
ne promets nul baiser et des vitraux les teintes savantes
attendront à périr que ma mémoire s'éprenne du précieux instant.




#249586 Et toi, lent flocon parmi l'azur

Posté par Guillaume d'Aquilée - 05 janvier 2014 - 06:42

Et toi, lent flocon parmi l'azur,
Ballant doucement vers ma gerçure,
De la mer issu et aux astres pareil,
Tairas-tu jusqu'à mon oreille
Le sort de la rose qui, naguère
Près l'ombre du cyprès où fut une guerre,
Souriait la rosée et incendiait les abeilles
D'une ardeur pareille aux flammes vermeilles ?

Rosée de cristal en l'azur glacé,
Neige sur la tombe de qui fut,
D'où vient ta clarté, et d'où
La joie enfantine de ton ballet ?
L'épanchement des roses est bien passé
Et plus l'amant éconduit n'effleure leur refus:
La rose a menti mais vous, flocons si doux,
Ébauchez pour ma tombe le dôme d'un palais.


*~ Guillaume d'Aquilée ~*

 

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#238187 Un Matin

Posté par Guillaume d'Aquilée - 11 septembre 2013 - 02:10

Tandis qu'il s'éveille sous la douce rosée
Le lys épris d'un or très pur ouvre son cœur
Au ciel, sans méfiance pour l'ahuri bétail
Dont les sabots crottés piétinent les fragiles
Perles de l'aurore, ultimes déjà, qu'un pâtre
Mène à l'abattoir, tandis que nus et riants
Frêles papillons et oiseaux chanteurs superbes
Valsent dans l'azur clair comme un diamant des Indes.




#238186 Deux Fragments d'Atlantide

Posté par Guillaume d'Aquilée - 11 septembre 2013 - 02:07

Vos "fragments", par leur souffle, me rappellent , en partie, un poète que j'apprécie particulièrement: Saint-John Perse...

 

Et Senghor. Mais mes paysages antiques sont extrêmement archaïques, comme saisis à l'aube de l'écrit par un témoin qui leur serait contemporain. En gros c'est un peu comme si Pindare ou Hésiode faisaient l'éloge des peintres de Lascaux ou racontaient, à l'instar de la tapisserie de Bayeux, ce que nous montrent ces peintures ou les ruines de Mohenjo-Daro.




#238039 Deux Fragments d'Atlantide

Posté par Guillaume d'Aquilée - 10 septembre 2013 - 02:18

1

Au dieu forgeant des îles, enfant qui rit le cœur des volcans !
je dirai que nous étions enfants de fer dans l'eau cuivrée qui donnait aux mains des femmes

la saveur du sang des bêtes dont nous couvrions nos autels de gypse.

Dans les allées d'asphalte des parcs aux senteurs d'agrumes, un cheval parfois s'approchait pour humer nos mains,

et nous tenions sa crinière comme l'assurance d'une force qui s'étendait par toute la terre.

Car pour monter nos bêtes nous ne revêtions point d'armures, car nos guerres étaient des joutes ancestrales

qui ne faisaient point pleurer nos femmes - guerres des blés et des pâtures dont nous avions l'assurance

qu'elles seraient jouées aux dés, car un plus haut tenait en même estime le pâtre et le cultivateur,

leur assignant les mêmes astres pour s'astreindre à des tâches symphoniques dont les prêtres

annonçaient l'ordre immuable par des fêtes et des chants - célébrations propices aux noces de tous rangs et de tous lignages

au coeur des temples de marbre au parfum de térébinthe où les ors marquaient des noms très précieux sur les dalles d'obsidienne.

Je parle de ce qui fut et dont nulle trace n'est gardée, sinon dans la naissance de nos chants

que d'autres hommes venus de terres plus arides adressaient au plus clément comme geste de propitiation

pour tout sang versé dans les chasses et dans les combats, dans les accouchements sur des linges trop secs,

dans ces terres où les larmes brûlent la peau des femmes

2

L'été au ponant interpelle une vertu plus fière
parmi les estocs portés aux printemps trompeurs
tandis qu'aux filles du jour nous apportions des linges frais
parfumés de myrte dont les buissons parcellaient l'ardeur des blés tendres
que les hommes aux mains rugueuses s'apprêtaient à faucher.

Lierre sur les murs et vignes aux tonnelles
voici qu'une ombre douce rend propice le temps du poème,
estoc et taille dans la langue des hommes, estoc et taille
dans nos mémoires mécréantes que la fraîcheur des tombes de nos morts
ne parcelle qu'à grand peine à rendre arable pour la propitiation de la chose qui vient à être dite -

et doit se dire dans le plus haut chant du verbe le plus pur,
verbe né des hommes dans leur plus haute naissance
aux temps immémoriaux des grandes migrations,
temps des premières jachères qui virent les premiers sacrifices
et le premier sang du frère qui paissait les bêtes sur des pâtures d'herbes rares
sur les hauts plateaux de calcaire et de grès, près de mers aux flots imprévisibles
dont les marées périlleuses nous annonçaient des récoltes de grands crus.

Et puis vinrent d'autres bêtes que des hommes de haute stature montaient à cru
dans des cris de plaisir féroce qui faisait taire leur peur.
Ils parlaient en langues étrangères et leurs mots semblaient évoquer des villes
dans la poussière des plaines sableuses près d'un fleuve

Et ce fleuve n'est plus que poussière de sable et les chevaux peintures sur les murs,
et nos mains de poète tiennent à grand peine la fleur allumée aux huiles des térébinthes,

et dans ton demi-sommeil le regard doux d'une bête mourante




#225221 Soir d'hiver

Posté par Guillaume d'Aquilée - 07 décembre 2012 - 08:11

Sur la pierre fendue
sur la tombe oubliée

sur la guerre au cœur de l'homme
sur l'enfant qui s'étonne et qui rit

Sur l'oiseau dans l'abri de son frère
sur la montagne qui chante à travers ses nuages

Sur l'or étouffé et sur l'étang de glace
Sur l'arbre mort et sur la graine enclose

Parmi l'humus de novembre et les lys de janvier
Dans la nuit d'Illyrie aux étoiles jetée
Sur les fjords et sur les cataractes
et sur les craquements des glaciers

Sur le manteau du pauvre dont les paupières se fendent
Sur la plaie du soldat dont l'haleine s'éteint

Hors les murs du riche dont les enfants s'épient
Sur les amants qui s'attendent et sur ceux qui se quittent

Sur la grève où le voyageur s'éveille
Sous l'azur où le poète s'émerveille

Il neige.




#225203 Sables

Posté par Guillaume d'Aquilée - 06 décembre 2012 - 07:39

Aux confins du Ponant s'étendait ma Syrte. 
 
Or des sables que dérangeait à peine le tonnerre des vagues fraîches, or encore qui perlait aux confins de chaque crête, chaque embrun, et qui parfois venait sur nos joues déposer une trace de sel dont la saveur nous durait jusqu'au soir.
Et parfois une bruine perlait encore et c'est du ciel que nous venait cette clarté d'une eau très douce et, là où le regard ne pouvait qu'entrevoir le jeu des eaux parmi les courants du ciel et de la mer, l'esprit s'attardait dans l'espérance de l'orage et de la foudre sur la mer.
 
Dans la forêt aux masques, Ô ma douleur, se réfugient les ombres de l'enfance. Et c'est aux heures lourdes où vivre nous est terreur et l'éveil nous est horreur, quand l'homme demeure pour ce temps si peu sien dans le tremblement des choses qui furent et la glace des choix qui nous emportent, que l'appel d'une ombre de simple fraîcheur nous est tentation et larme de la mémoire.
 
Et nous voici nu-pieds à l'à-pic des falaises de calcium, nu-pieds sur le nacre et l'opale et les galets qui ponctuent l'immense charnier de mollusques et de vers, d'insectes et de crustacés, toutes choses et toutes vies brisées qui sont la grève et les murs de la ville sur l'à-pic des plus hautes falaises, nu-pieds près du chaos des vagues - et l'océan lève nos masques par l'effroi d'une plus haute vague et la noirceur d'un nuage plus bas que le vol de l'engoulevent sur l'horizon qui craque de l'orage en Ouest.
 
Et la forêt aux masques n'est plantée que sur le sable, et le sable fuit entre les doigts des enfants parmi leurs rires et leurs cris, parmi leurs larmes et leur course sous le vol du labbe qui poursuit la sterne jusqu'aux confins de l'orage où la mer n'est plus que noir et le vent - le vent trace des cicatrices de lumière au creux des vagues d'obsidienne sous un ciel de graphite.
 
Dans ma Syrte près du port le canon a tonné midi.