Kuronuma

Il p l e u t. Il p l e u t et il n'est pas encore midi.

Les oiseaux s'envolent au loin.

Les nuages aussi.

Un air chaud vient bercer les lézards patients.

Et les nuages s'en vont encore.

Il n'est pas midi mais j'entends le chat qui s'éveille.........

Ses poils grandissent.

Il s'étire.

Il pleut des rayons d'or et de feu sur lui.

Il sort faire sa ronde et me laisse,

Seule                       avec ma pendule.

J'ai faim.

J'ai faim.

Il n'est pas encore midi.

Peut être ?

Je n'en sais rien.

J'ai dans la tête un marteau-piqueur,

Des années de bêtises,

Dix-sept ans de labeur

Et huit heures de trop.

Quelques gribouillages honteux,

Et dans la tête d'énormes bleus,

Huit heures de cours en trop

Et un marteau me servant de cerveau.

J'ai dans la tête un marteau-piqueur,

Qui n'en fait qu'à ma tête

Et m'assomme à coups de mots,

Huit heures ne sont que de trop.

Quelques heures de sommeil manquées,

Et dans la tête un lit bien forgé,

Huit heures de cours en trop

Et un marteau-piqueur un peu sot.

Quand viendra la mort des Hommes,  

La terre et les cadavres feront une somme.

Réduits aux os puis en poudre,

Tous pareils seront les hommes,

Transformés en dés à coudre.

A la place de leurs yeux d'immenses trous ; 

De la clairvoyance ils sauront tout,

Car rien ne vient de là-haut, tout d'en dessous.

L'on croit aux Grands Cieux,

Quand la terre prend soin de nos vieux.

Quand viendra la mort des Hommes,

La vie reprendra son cours, sa norme.

Leurs cendres fertiliseront le sol.

Tous utiles seront les hommes,

Transformés en germes de plantes frivoles.

 A la place de leurs bras de longues tiges.

De la nature ils seront les vestiges,

 Et beaucoup s'en affligent.

 L'on croit aux Grands Cieux,

Quand la terre prend soin de nos vieux.

Quand viendra la mort des Hommes,

Plus rien ne pourra la terre perturber,

Après celui qui pensera à s'enterrer.

A l'heure où je t'ai perdu,

Les jours n'ont plus fait de bruits,

S'avançant lentement vers l'infini.

Les laisser aller je n'aurais pas dû.

Combien de jours le soleil a martelé le sol

Et s'est relevé de plus belle ?

J'ai vécu les heures les plus molles

Et je vois les aiguilles qui s'emmêlent.

La passivité a pris possession

De ma vie désormais sans passion.

J'aurais dû me battre mais je ne l'ai pas fait.

Voyez si c'est une femme,

Cette affiche sur pattes

Que le maquillage ne fait qu'affaiblir.

Si seulement ses paupières alourdies,

Pouvaient voir l'étendue des dégâts,

Que ces poudres ont fait de son effigie,

Et de ce que l'on ne voit pas.

Le bouclier qu'elle tente de construire,

N'est que rongé par ses excès précieux.

Ils ne provoquent que le rire

Et la rendent vulnérable à nos yeux.

Ah non non, justement pour la première lecture elle s'est faite sans les commentaires. D'ailleurs ça ne me donne pas trop envie de les lire ce que tu viens de dire. J'ai pas envie de changer mon regard sur ton joli poème

Que pouvons-nous faire ,

Nous, êtres impotents ?

Contre celle, invisible,

Qui pousse sur notre peau ?

La joubarbe de notre peau,

Fore nos sillons,

Jusqu’à ce qu’elle se languisse,

Et creuse la tombe bateau.

Le ciel jette l’ancre sous terre,

C’est l’appel aux morts.

Les bateaux s’envolent,

Qu’ils soient bénis ou en tort.

C'est tout ou rien donc ?

Tout au long de sa vie,

Il avait surtout construit

Un mur d’airain,

Que le temps affaiblissait.

Jour et nuit.

Voir un jour son mur percé

Par l’impavide perceuse,

Le rendait mal, le rendait malade.

Un jour, il serait vieux.

Lors du vingt quatre millième ciel de bronze,

Le temps termina sa morne besogne.

Le mur était fissuré,  mais rien ne fuyait.

Il avait touché le cœur d’airain.

Tous ces êtres malhabiles qui se trahissent,

Qui, dès la naissance, s'offrent au monde,

En cherchant les pièces, en vain,

D'une arme qui percera le secret.

Peut être est-il dans le ciel ?

Ou ailleurs.

Peut être est-il dans la persévérance ?

Peut être qu'il n'est nulle part.

Peut être qu'on le trouve au fond de soi.

Qu'il faut chercher les pièces,

Et construire l'armure pour le protéger.

Le secret de la liberté.

Les feuilles tourbillonnent et se déguisent,

Pour trouver un cavalier du vent,

Qui les emmènerait danser sur la bise

Et ne reviendraient qu'une fois passé l'an.

Mais qu'est ce que ce complot ?

Est-ce le plafond qui crache de l'eau ?

Qui se cache et s'enterre

Dans la nuit, ce faux cimetière ?

Quelque chose tape, quelque chose bouge.

Aucun courant d'air.

D'ailleurs, au plafond, était-ce du rouge ?

Les ombres se resserrent.

Elles dansent et se pavanent

Comme des âmes frivoles.

Ces semeuses de terreur,

Qui ne croient pas au sol.

Le sol prenait plaisir à se mouvoir.

Il avait dévoré le chêne ou le bouleau;

Essayait d'attirer les âmes paniquées le soir;

Mais s'était fait trahir par l'eau.

On pouvait y voir tout l'appétit

A travers l'eau dans l'estomac.

Le sommeil était devenu liquide.

Etait devenu la proie.

L'eau n'était qu'un substrat, un liquide,

Pour diluer le sommeil

Et fertiliser le sol d'où germent les cauchemars.

Il était trop tard, beaucoup trop tard.

L'eau était sale.

Etait-elle régurgitée ?

Etait-elle absorbée ?

J'avais peur de me heurter aux dents du sol.

Seul, seul, seul, affreusement seul.

Rien ne s'abat sur lui.

Pas même le soleil ni la pluie.

Peut être que...? Non, il est bien seul.

Seul, seul, seul, il s'enfonce

Dans les sables mouvants,

Faits de grains d'ennui, 

Accumulés depuis cent ans.

Seuls, seuls, seuls, se nourrissant

De cette chair, déjà dévorée par la solitude.

Seuls, seuls, seuls, roulant

Longuement dans les abysses, comme une vieille habitude.

On me dit de manger

Un pot de peinture, pour colorer ma vie.

Pour voir la naissance d'arbrisseaux fleuris,

Pour chanter de ma propre voix, celle

Du coeur, qui fera naître en moi la pelle

et ramassera les morceaux de vie pourris.

D'en faire de la bouillie bordelaise masquée de   

                                                                [chantilly.

D'apprendre à les traiter, d'en faire du compost.

Qu'il en soit ainsi, qu'ils nourrissent la vie;

Ces moments heureux de la vie qui reviennent à

                                                             [leur poste.