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En hoir de Loup-de-lune

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#377876 Source

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 31 mai 2020 - 12:19

(Note : Nous partageons ici le voyage, certes "non organisé par une agence", d'une véritable soeur des trois filles musicales que nous rencontrons dans le blog de Loup-de-lune: Les Symphonies de Bruckner - Lysinia 13/02/2019 - Fugiensuprema 02/05/2019 - Dikardia 12/08/2019. Ce sont des "romperesses totales avec les métiers, avec les contrats, avec les routines", ce sont des "cheminaudes exhaustives, des disparaissantes accomplies". Or, la plénitude de la rupture ne peut durer, et à ce qui, nécessairement, doit en naître, comme du yang un yin nouveau, ces créatures s'abandonnent absolument: "pour accomplir la décache/ta complexion fait quérir l'agenouillescence". Nous ne pouvons que penser à l'image de la page blanche, de l'encre et de l'écriture, comme à l'image de l'inconnu leucémique, qui "tout à coup vous aventurent, plutôt avec le viatique de l'inconscient qu'avec le bagage de la conscience, dans des errances qui sont les heureuses trajectoires vers la source de soi-même.")




Source



Abstraite des métiers
et des contrats tu épanouis ton pas
et ta taille à travers la proposition
qui te souffle de passer sur les acrilans
et les encaustiques de sa forêt


en sibyllin enfouissage
un blanchoiement t'alentit

pour accomplir la décache
ta complexion fait quérir l'agenouillescence


Alors épousé le creux de la paume
de ce fragment de faïence acutangle
puis sous l'infime terre
éludant le ciseau du côté
point ce signe de parme

exacte se ravive
la nuance qui intitulait le poème

la tutelle affabulée du feu
n'a plus d'empire
devant l'issant prodige du papier

l'encre encore
ondoyeuse des vocables
épanche son rêve de rivière
et trace gorgées de mauve
jusqu'au tremblé de la passerelle
les berges propices aux dynamies égales des amants


Ce que brisent dès lors
les rafales qui savent traquer les racines
plongées dans l'aveu des éternités...

et quelles peuvent bien être ces lisières
méconnaissantes de l'enlumineur qui les gyre ?...



Loup-de-lune
LIU Bizheng

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#377849 Redessiner

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 30 mai 2020 - 11:07

Redessiner


Je suis entrée dans la nef gothique
avec un sursis de craie rose pastel
qu'au plus pétulant d'une impasse
abandonnèrent des enfants d'attrition


Et à taire ses paraboles hyalines
tendait la hautesse des quadrangles
pour se muer en tableaux vespéraux
offerts aux naïvetés de la passagère


Mais le ravit la fugacité multicolore
qui glissait son semis de venelle en venelle myste
et le roula jusqu'au pilier de soutènement
dont la blêmeur réclamait un mot d'horizon


Loup-de-lune
LIU Bizheng


#377821 Une dodécaparolie avec son supplément

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 30 mai 2020 - 12:45

Une dodécaparolie avec son supplément




*


Ouïe


De coup en coup minuit
a pointillé un chien sans distance
dont l'intermittent aboi
lustre le silence


*


Je me réduis à cette volonté
qui sait changer ces fortuites granules d'or 

en ta lettrine sonore


*


oiseau gravé
sur le verre

la chaleur d'un regard
l'a pris pour un reste de givre

et ravi en son bleu de ciel


*


Après l'orage
sur la surgie du ponant
la métamorphose des nuages

La fuite mauve d'une hydre
atteint à l'aile angelicielle

Un instant de Cerbère
aboie la dernière foudre

La saillie d'une église
s'adonne à la roseur

La lune déjà renaît
de ce qui la dévore
et le demeurant de l'appétence
lui devient un anneau saturnien


*


cette force

dans le bleu pastel

qui arque la minute nébuleuse


*


jeune veine frémie
la peau à son ouvrage
de diaphane
parmi l'été
qui se prononce
ailes et pétales
s'engendrent


*


Assomption
une jeune femme

elle joue de la harpe

sa robe de gaze

et de la corolle musicale
s'exhale l'absence


*


tant d'élucideurs par le poème

mais pourquoi, par le poème, ne pas suspendre

l'énigme dans l'inélucidable ?


*


effleureuses de carreaux
des oiselles naissent dans le tamaya

mais brûlent dans le céladon de leurs ailes devenues flammes


*


infimes encres frémies
devant les éclats de safran

les vergers éteints
dessinent leurs désirs de fruits


*


Tout avait brûlé

des oiseaux de braise
rapportaient le crépuscule


*


Indemnes


linéaments
de l'azuréenne hoirie
quelques oiseaux d'air

ils éconduisent les allégories
qui éploient des plaies trémières


*


Le congé des repères
échevelle le délai
silhouette des lisières
parmi l'aubier
qui s'embrume
fabuleront des portes
linéaments de l'enfuie
la jouvence s'inachève en redoux d'or
dans la lumière giboyeuse
la trace interroge la poudre
l'emprunteur de ses erres
espace la dernière bête d'évidence


*



Loup-de-lune
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#377791 Une triade

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 29 mai 2020 - 11:01

Une triade



*


Feu

dans le brasier de sa maison
il a découpé deux ailes
afin qu'en prodrome de l'aurore
l'envol brûlât l'abattement


*


Halieutique leucémie

en sennes roses
sur les discours divergents
mon sang s'effuse

sa prise de phonèmes et de blancs
une sparsile musique
qui plus rien ne va niant
plus rien ne va affirmant


*


Eau

noyée dans le trouble des gemmes
qu'elle avait empochées
son regard abandonnait ses émeraudes
au lent embouement de sa chevelure d'encre


*



Loup-de-lune
LIU Bizheng


#377781 Textes

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 29 mai 2020 - 12:13

Textes


effleureuses
du verre qui feuillette la porte d'entrée
se sont exprimées les roses

les tissures
qui partout étoilent leur arbrisseau
regorgent de l'ondoyance des irisages


quand elles en ont repu leurs faims
elles font connaître leurs corolles

pour que soit pastellé le recto des reflets

et enluminé le verso des transparences


Loup-de-lune
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#377741 Une dyade

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 28 mai 2020 - 11:03

Une dyade



*

Fontaine


jaillies
des dauphins dépeints
les eaux minutieuses
découpent des arceaux

parmi le rose clair des corolles myriadaires


*

Vin arbalétrier


Sur le lot de la table
abstrait
le minime arc de verre
s'échine à être tendu

par l'ombre


En inerme rubis
pâlit
dès le premier milliare
qui l'enchâsse

le carreau radié


*




Loup-de-lune
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#377734 Une dyade

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 28 mai 2020 - 01:12

Une dyade



*
Riposte


Doué d'éphémère
en son damas à l'abandon
le linge étiola les mains magiciennes
qui surent cueillir les fleurs de satin
et dédorer le taffetas mirabelle

*


*
Défauve


Nonobstant
sa justesse bondissante
le soudain dégradé qui parcourt
et répartit sa férocité
de sa proie
pour jamais l'a distancé

*


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#377709 En deçà du déclin

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 27 mai 2020 - 11:10

(Note : Quand la créature de maquillage, d'amertume et de chair éreintée, qui n'a peut-être vécu que dans le regard insatiable, abyssal, du public des autres, se retrouve seule, enfin "disponible pour l'essentiel", elle ne peut plus que s'incliner, et s'abandonner au pouvoir de métamorphose cathartique des ombres et lumières... qui savent recomposer même "les plus hauturières détresses" (voir "Repêcheur de détresses" publié le 26/05/2020 dans Salon Sans commentaires.) L'image de "l'auguste las de ses contrats d'hypocrite, c'est-à-dire de comédien, au sens étymologique du terme", l'image du masque d'acteur renoncé, de la "grimace biffée", pour le dévoilement, pour l'évidence du visage tel qu'il est vraiment, revient çà et là dans les poèmes de Loup-de-lune, ainsi c'est par les vers "Au paroxysme du déni des fêtes aliénantes/cette solitude que définit l'ahan/tandis que les masques des jours vains/de loin en loin désavoués/envisagent la distance parcourue" que commence le poème "Clair de lune" publié dans le blog le 20/12/2015, et à la suite duquel FlorentM, encore un "talentueux cher disparu de Toute La Poésie", a écrit : "Merci pour ce voyage particulièrement touchant au coeur de la Solitude !")



En deçà du déclin



par l'ombre tenue
pour la croix cinématique
qui s'exauce

le partage
du parquet


cette irruption
d'un auguste

contre la porte qu'il referme
il va s'adossant
et le traverse en faveur d'une image
l'horizontale de son tremblé brachial


les prunelles
décloses

des pas
s'éperlant


il s'agenouille

incline
sa caricature languide

le final rire
argentine aurore du tranchant

l'éclat
fait frissonner les orles
des quatre quadrilatères versiformes

à l'un des angles de fugacité
l'épanchement est près d'écarlater

tandis que déjà la mue du croisillon
peut biffer la source de fard grimacière



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#377695 La déréliction de rubis

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 27 mai 2020 - 12:19

(Note : La plupart des dictionnaires indiquent que le mot "déréliction" appartient d'abord au vocabulaire religieux au sens de: "état d'une personne qui se sent abandonnée", et donc même par la divinité en laquelle elle a pourtant mis toute sa confiance ! Loup-de-lune essayait dans certains de ses textes de délivrer de tels mots de leur pesante connotation ; elle avait gardé à l'esprit la mésaventure de son amie Linfabrice qui un jour, sur ce même forum d'écriture, avait publié un poème dans lequel elle utilisait le mot "vêpre" comme un très laïc et, précisément, poétique équivalent de "soir"... Cependant un énergumène lui avait aussi péremptoirement que paresseusement répondu: "Les vêpres, c'est pour Dieu !" Nous connaissons et nous respectons "les vêpres chrétiennes" mais nous ne croyons pas qu'un mot de la langue française, quel qu'il soit, puisse être ainsi séquestré ! Dans le poème qui va suivre, le mot "sang" porte une majuscule, et ce n'est pas parce qu'il apparaît au début du texte : une grande partie des poèmes de Loup-de-lune ne commencent pas par une majuscule ! Le Sang est ici comme le Dieu... La jeune leucémique se sent soudain inexorablement abandonnée du Sang lui-même... Déréliction de rouge vital, de rouge précieux... Déréliction de rubis... jusqu'aux "blancs aubiers qui jalonnent les vertiges" !...)



La déréliction de rubis


Sang fissile
ses lamellivagances

les fétus tourbillonnent
la feinte rapatrie ses ors

l'effarouchement
sera blanchi par le vol

il reste au corps
ce mouvement
qui suranne les directions
et va

espaçant les aubiers désunis


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#377674 Une triade

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 26 mai 2020 - 11:01

Une triade


*

Alibi précieux


Après l'acharnement du tranchant
le brillant rose
fit grâce de ses facettes

et lotit son eau
entre la liqueur roborative
et la larme qui s'éjouit

*

Naissance de la musique


les eaux des gemmes intactiles
gouttent
sur les audiences des possibles

*

Brise mélancolieuse


l'aubépine fouaille

je trempe le risque de ma plume
dans l'encre
qu'épanchent les ombres déchirées

des étoiles mendiantes d'un nom
sont suggérées par mon mélanpoème

*


Loup-de-lune
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#377661 Repêcheur de détresses

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 26 mai 2020 - 01:09

(Note : Étant donné qu'après "Ensuite des alcools", nous proposons aujourd'hui "Repêcheur de détresses" que conclut le mot "chardonnay", c'est bien pour nous le moment adéquat de témoigner que Loup-de-lune n'aura jamais eu, loin, très loin s'en faut, au cours de ses vingt-deux années et presque deux mois de vie terrestre, le moindre problème d'alcool ! Mais nous la ressentons fortement charmée par l'origine arabe du mot lui-même, surtout au pluriel, "alcools", et par la "polychromie de minéraux liquides" que peuvent présenter les vins et les liqueurs. Elle trouvait dans cette gamme allant du rouge le plus foncé au rose le plus pastel, le miroir, ou mieux, la psyché du "sang nué de lucioles". Et "Repêcheur de détresses" nous fait immanquablement retourner à la table du restaurant de cet Hôtel de la Gare qui sait si bien, selon l'une des devises des puissants samouraïs, "harmoniser l'ancien et le moderne"... Une petite lampe cylindrique ajourée de cercles y était allumée, passant continuellement d'une couleur à une autre ; chaque retour du rouge sang attirait tout particulièrement l'attention de Loup-de-lune ; un reflet avec l'ombre d'une partie des petits jours perçant le métal projeta comme un filet, comme un "tramail" dans un reste de chardonnay... une authentique fantasmagorie ayant le pouvoir de "repêcher même la plus hauturière des détresses"... Nous nous permettons, en conclusion de cette note, d'adresser aux lecteurs qui pourraient être intéressés un renvoi au poème "Alcools" publié dans le blog le 15/02/2017, commenté par Hasia, et aussi par M. de Saint-Michel dont nous voudrions saluer ici la fidélité de l'énergie visiteuse, des tout premiers poèmes de la très jeune Linfabrice l'espace du printemps 2013, jusqu'à cette saison de l'hoir qui va publiant les manuscrits laissés par Loup-de-lune.)




Repêcheur de détresses



l'ivresse préméditée
a bifurqué sur la rumeur circonvoisine

la petite nappe de papier
décerne son angle aérien
à l'équation gueuse du verre à pied

parts du sortilège de relais
la lézardise des cristallins
la légère oblique du corps dégesté

et le plus hauturier de ses ligotages


vestiges des pénultièmes lieues
et des rescousses
un cylindre alliance tous les fanaux

le métal ajouré le gainant
promulgue des cercles diversidiamétraux
aux fins de composer ces danses rondant
en faveur du centre qui fée

le reflet tramail
enlumine sous la vacance inopérante
le remenant du chardonnay



Loup-de-lune
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#377630 Une quadriparolie

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 25 mai 2020 - 11:01

(Note : Dans "L'attrape-lumières" nous lisons "l'antarès de la lucidité": antarès, la rivale de Mars, de anti, préfixe qui exprime l'opposition, et de Arès, nom grec de Mars, "la couleur rouge de cette étoile concurrençant celle de la planète Mars" précise Le nouveau petit Littré (2009). Le mot "lucidité", du latin luciditas "splendeur" repose sur la racine indo-européenne *leuk- "être lumineux, éclairer". Ainsi le "rouge qui luit", c'est bien Leuk-aima... À la faveur quelque peu thaumaturge de cette "lucarne qui sait si artistement redistribuer par sa fugace imagerie les recrudescences de la leucémie.")




Une quadriparolie



*

Oiseau


Deux rameaux obliques
délimitent un quadrilatère d'eau
où s'éploie un cambrioleur de soleil

*

L'attrape-lumières


abandonnant son butin
à la lucarne de l'embellie
le plateau avec ses coupes liquoreuses

asters d'ambre et de citrine
astéries d'hyacinthe et de péridot

mais la plus captive de toutes :
l'antarès de la lucidité !

*

Joaillerie


un peu après l'outrage
mon silence décisif ouvrit cette vastitude

les yeux qui gemmaient la décevante
s'affranchirent de leur joug de crâne
et roulèrent dans l'abîme

où la chute
indéfiniment les facetterait

*

Bouquet


J'ai cueilli et rassemblé
les fleurs qui se sont épanouies
autour des lettrines du roman

les effluves des commencements
enflent mes plèvres de papier vergé

*


Loup-de-lune
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#377616 Ensuite des alcools

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 25 mai 2020 - 01:27

Ensuite des alcools



n'en finit plus de pétiller
la portion du jour

la métaphore océane
est renoncée par la lucarne de bruine


départi
du losange vernissé qui le ficha
un poisson opiniâtre son immersion

il lui vient cet idiome
impératif doué de poème
pour se confier aux coupes vides à demi
qui lui attiennent


d'ambre et de soufre
de tango de paille de safran de grenat
et de transparent

la mer a revêtu son dépiècement d'arlequin



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#377580 Écrit dans un dictionnaire Hachette

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 24 mai 2020 - 11:04

Écrit dans un dictionnaire Hachette



*

Maculatures


polysémie

les encres lilas
du recto
dérivent les affixes

*



*

Coulure étymologique


source de lilas et de parme
au profond des papiers réunis

cette faveur d'aller en magicopériplant
les particules de la parole

*



*

Près de la conjugaison du verbe acquérir


errances
ratures
source d'encre
parole en voie de cristal
comme de ramescence

*


Loup-de-lune
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#377564 Le passant déréel

Posté par En hoir de Loup-de-lune - 24 mai 2020 - 12:08

(Note : Un jour gris-bleu de promenade citadine, nous avons croisé avec Loup-de-lune, le chemin d'un homme qui était figé au milieu du trottoir, et qui présentait un visage si accablé qu'il paraissait en proie à une véritable nausée. Il venait visiblement d'accomplir la besogne des courses, car il était chargé de grands sacs débordant de produits alimentaires. Il regardait au loin, devant lui, vers ce qui était sans doute sa destination, son quartier, son logis... où il lui fallait retourner par un chemin sans surprise, pour y ranger encore une fois ses courses, pour s'y nourrir d'elles encore une fois, et prodiguer à son sang l'énergie de continuer cette vie vaille que vaille... jusqu'aux prochaines courses ! Soudain, Loup-de-lune me révéla une sorte de boîte fixée au-dessus de l'entrée de l'immeuble près duquel nous nous trouvions: un seul côté, celui qui donnait sur la ruelle, était une plaque transparente ; un papillon richement coloré y était peint ; on en voyait un autre sur le fond bleu de la boîte. Cela produisait un effet d'optique saisissant, comme un oxymorique "mouvement d'immobilité", comme si les deux papillons cherchaient indéfiniment à se rejoindre sans jamais y parvenir. Loup-de-lune, amorçant alors le poème que l'on va lire, souhaita qu'une telle distance, "féérique" ou "déréelle", remplaçât celle à laquelle était condamné notre maussade passant, non pas pour qu'il ne puisse plus jamais atteindre son chez-soi, mais afin qu'il ait la chance d'être un moment détourné de la routine mortifère de son existence, qui était gravée sur sa figure. Car c'est souvent en s'égarant, dans la traverse aussi bien que dans le rêve, que l'on trouve les merveilles de son propre chemin.)



Le passant déréel



Tant d'achat
à noirturgescer le sac
à lanciner l'épaule
et ogresquer le dos

l'itinéraire sera remis à l'abondance

parmi les immeubles suspendue
et bravant l'axiome de la porte
une boîte
sur son couvercle de verre
coloréploie un papillon sur son fond
de bleu nuit un autre

elle est emplie par
cette distance imparcourable
qui les isole

Un vestige de voirie fée
la translate entre le ravissement du portefaix
et son destin mansardé



Loup-de-lune
LIU Bizheng

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