DedansPoèmes de Andrée Chedid Porté par les fonds Les anneaux se desserrent La jauge bascule Les morsures se gomment Les étendards du quotidien ont pâli Ma rétine s'inverse Je dérive et je glane : irruptions fabuleuses poumons d'images floraison de graines refusées paysages sans filiation inventaire jamais dévidé grange jamais tarie Continents figures tribus qui me peuplent fermentent et cristallisent Porté par les fonds Je deviens multitudes J'ai l'œil plus vaste que regards Je marche plus loin que mes pas le toucher des choses 2 Il arrive qu'à paupières closes Je surplombe ce corps sans volume s'élevant dans l'air fertile glissant à ras du sol dans le toucher des choses au monde parallèle de la mort 3 D'autres fois Toute image consommée Toute pensée dissoute Je cède à corps perdu au monde parallèle de la mort le sang stagne 4 Dans les cordages du sommeil Je me bats en champs clos J'esquive de tous côtés Le gant des terreurs me frappe au creux du ventre Calamités et chagrin me saisissent Le sol se fissure Les dangers talonnent Je lutte je tremble Je cherche l'issue La terre capte mes chevilles Des nasses entravent mes genoux Dans ma chair immobile le sang stagne 5 Parfois une lucarne injectée d'aube crible le carcan des ombres Alors je me sais en sommeil Je nomme « cauchemar » ce cauchemar Adossé au pilier de la mémoire Me retenant aux racines de l'être J'attends l'hémisphère des jours Je me fie au matin proche Je patiente Poèmes d'Andrée Chedid Voir la liste complète des poètes |