Double rondeau, à elle - ChansonChanson / Poèmes de Louise Labé Estant navré ' d'un dard secrettement Par Cupidon, et blessé à outrance, Je n'osois pas declairer mon tourment Saisi de peur, délaissé d'espérance. Mais celui seul, qui m'avoit fait l'ofense, M'a asseuré, disant que sans ofense Je pouvois bien mon ardeur déceler. Ce que j'ay fait, sans plus le receler Estant navré. A une donq povrement assuré, Creingnant bien fort d'elle estre refusé Ay declairc du tout ma doleance : Et sur mon mal hardiment excusé Lui supiiant me donner allégeance. Ou autrement je perdrais pacience Estant navré. Au mien propos ha si bien respondu Celle que j'ay plus chère, que mon ame. Et mon vouloir sagement entendu, Que je consens qu'il me soit donné blāme Si je l'oublie : car elle m'a rendu Le sens, l'esprit, l'honneur, le cur et l'ame. Estant navré. Rondeau attribué à Mellin de Saint-Gelais. |