Xxi ode - OdeOde / Poèmes de Louise Labé Toute bonté abondante ' Aus gouverneurs des Saints Cieus, Un, qui de main foudroyante Estonne mortels et Dieus, Ensemença ces bas lieus. De diversité d'atomes Formez de ce vertueus Surpassant celui des hommes. Lesquels d'une destinée Sous quelque fatal heureus. Pour former une bien née Furent ensemble amoureus : Et goûtant le savoureus, Lequel ou l'Amour termine. Ou le rend plus doucereus, La font voir chose divine, Mesmement si familière A la troupe des neuf Sœurs ' Qu'elles l'ont pour leur lumière Fait lampeger en leurs chœurs : Là recevant les honneurs De ceus, qu'on n'a laissé boire Aus sourses et cours donneurs De perpétuelle gloire, Elle le fait aparoitre Au docte de ses escriz. Qu'on voit journellement naitre. Et devancer les esprits. Qui avoient gaigné le pris D'estre mieus luz en notre aage. O féminin entrepris De l'immortalité gage! Qui une flame amoureuse. Qui mieus les passionnez, Et de veine plus heureuse Discerne les aptes nez. Et à l'Amour fortunez, De ceux, lesquels à outrance Seront tousjours mal menez. Et repuz d'une espérance? Qui de langue plus diserte Fait le Musagete orer Contre l'éloquence experte Du Dieu qui peut atirer Par le caut de son parler L'erreur à la vraye trace? Qui près d'eus peut sommeiller. Comme elle, sur le Parnasse '? Donq que sur ses temples vole Ce vert entortillonné Pris de la ramure mole De la fuyarde Daphné , Et doctement façonné Pour orner la seur de celle, Qui sortit, le coup donné En armes, de la cervelle. Ode attribuée à Antoine du Moulin qui édita, entre autres, les œuvres de Pernette du Guillet. |