poesie Suivez-vous sur Twitter : Facebook :

poeme

Xxiv ode - Ode


Ode / Poèmes de Louise Labé



II ne faut point que j'appelle
Les hauts
Dieus à mon secours.
Ou bien la bande pucelle '
Pour m'ayder en mon discours. s
Puis que les
Dieus, de leur grâce.
Les saintes
Muses, les
Cieus,
Ont tant illustré la face,
Le corps, l'esprit curieus
De celle, dont j'apareille io
La louenge nompareille.
Je congnoy bien clerement
Que toute essence divine
Me favorise, et s'encline
A ce beau commencement.



Sus sus donq, blanche senestre,
Fay tes resonans effors :
Et toy, ô mignarde destre,
Chatouille ses dous acors :
Chantons la face angelique,
Chantons le beau chef doré,
Si beau, que le dieu
Delphique
D'un plus beau n'est décoré.



Noublions en notre mètre
Comme elle osa s'entremettre
D'armer ses membres mignars :
Montrant au haut de sa teste
Une espouvantable creste '
Sur tous les autres soudars.

O noble, ô divin chef d'euvre »
Des
Dieus hauteins tous puissans,
Au moins meintenant descœuvre
Tes yeus tous resjouissans,
Pour voir ma
Muse animée.
Qui de sa robuste main
Haussera ta renommée
Trop mieux que ce vieil
Rommain
Qui sa demeure ancienne,
La terre
Saturnienne
Délaissa pour ta beauté,
Afin qu'à toy rigoureuse
Il fut hosties piteuse
En sa ferme loyauté.

La
Muse docte divine
Du vieillard audacieus ,
Par le vague s'achemine
Pour t'enlever jusqu'aus
Cieus:
Mais la
Parque naturelle
Dens les
Iberiens chams .



Courut desemplumer l'aile sa
De ses pleurs et de ses chans :
Envoyant en sa vieillesse,
Mal séant en ta jeunesse,



Son corps, au tombeau ombreus :
Et son ame énamourée
En l'obscure demouree
Des
Royaumes tenebreus.



Dieus des voûtes estoilees.
Qui en perdurable tour '
Retiennent emmantelees


Les terres, tout à l'entour:
Permetez moy que je vive
Des ans le cours naturel,
A fin qu'a mon gré j'escrive
En un ouvrage éternel,


De cette noble
Déesse
La beauté enchanteresse,
Ce qu'elle ha bien mérité :
Et qu'en sa gloire immortelle.
On voye esbahie en elle


Toute la postérité.

Ainsi que
Semiramide,
Qui feingnant estre l'enfant
De son mari, print la guide
Du
Royaume trionfant,


Puis démantant la
Nature
Et le sexe féminin,
Hazarda à l'aventure
Son corps jadis tant bénin,
Courant furieuse en armes

Parmi les
Mores gendarmess,
Et es
Indiques dangers