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Caliste, en cet exil, j'ai l'âme si gênée - Sonnet


Poèmes de François de Malherbe

Caliste, en cet exil, j'ai l'âme si gênée,
Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil ;
Et ne sçaurais ouïr ni raison ni conseil,
Tant je suis dépité contre ma destinée.

J'ai beau voir commencer et finir la journée,
Et quelque part des cieux que luise le soleil,
Si le plaisir me fuit, aussi fait le soleil,
Et la douleur que j'ai n'est jamais terminée.

Toute la cour fait cas du séjour où je suis,
Et pour y prendre goût je fais ce que je puis ;
Mais j'y deviens plus sec, plus j'y vois de verdure.

En ce piteux état si j'ai du réconfort,
C'est ô rare beauté, que vous m'êtes si dure,
Qu'autant près comme loin je n'attends que la mort.

 

Poèmes de François de Malherbe