Les courants littéraires francophones
La francophonie conduit à une déculturation et une acculturation, ou peut être
positive. La face positive est celle de la " civilisation ", qui donne
liberté et raison. A XXe siècle, les courant de la littérature francophone sont liés
à ceux de la littérature française : à la littérature coloniale, , au
surréalisme, au nouveau roman et à lOULIPO. Elle se constitue enfin comme un lieu
où émergent des courants littéraires autonomes.
1. Littérature francophone et littérature coloniale, relations et oppositions La littérature coloniale à, dès son début, lambition de sopposer à la littérature touristique et de voyage. Lécrivain de voyage est celui qui fait découvrir les autres lieux aux européens. Cette littérature est marquée par une exaltation des lieux étrange et étrangers, dune manière antichtone par rapport à loccident. Limage doit être différente de lEurope, létranger doit être totalement différent des lieux connus. Elle la représentation du visage dun peuple, dun pays, dune histoire. La littérature touristique est ancienne, lécrivain se met en scène durant le voyage. Elle fait la démonstration de la beauté essentielle des lieux de lailleurs. Cest une littérature stéréotypée, les exots sont interchangeables ; la beauté des lieux est identifiée à des lieux très précis, par exemple la plage de cocotiers, le soleil, ce sont des société acéphales (pas de tête), les voitures marchent mal, les rues sont bruyantes, Ce sont des littératures qui rendent compte dune réalité confinée à son étrangeté, à des choses qui " ne peuvent se passer chez nous ". La littérature coloniale se veut témoin de la réalité des lieux. Cest celle de ceux qui vivent là bas. Le colonial est celui qui se définit comme venant de lailleurs, il soppose à lécrivain touristique sui vient dici et à lécrivain de voyage. Il sait mieux que personne la situation exacte de ce qui se passe dans les colonies, dans sa nature, ses armes, ses structures socio-politiques. Il est celui qui traduit le mieux la pensée et lâme de la colonie, en ce sens, on peut dire que la littérature coloniale est la première littérature francophone. Lécrivain colonial se fait une mission morale, celle de civiliser le colonisé. La littérature coloniale devient une littérature à part entière puisquelle va créer des institutions. Elle veut se démarquer de la littérature française et de la littérature de voyage et touristique qui saccaparent les lieux. Le prix Goncourt naît en 1903 (John-Antoine Nau), et récompense un récit de voyage. La littérature coloniale fonde son propre prix, récompensant le livre qui aura le mieux traduit lâme des colonies. Tous ceux qui ont reçu ce prix, jusquen 1921, sont des écrivain qui sont passés de la littératurede tourisme ou de voyage, à la coloniale. Cette dernière use des même termes que les autres, mais montre un point de vue différent. En 1921, le prix Goncourt est accordé au nègre René Maran avec Batouala, véritable roman nègre. Cest un pied de nez au prix de la littérature coloniale qui ne tient pas compte des écrivains nègres et va dévoiler ses limites. Cest un littérature qui reproduit des stéréotypes à linfini. La littérature francophone, avec René Maran, veut aller plus loin, et rendre compte de lâme nègre, de ce qui se cache derrière la nature nègre, de ce que signifient les institutions socio-économiques en situation coloniale. 2.La littérature francophone et le surréalisme Les liens entre les écrivains surréalistes et francophones étaient très serrés. De nombreuses relations damitié se sont formées, entre Desnos et Damas, le premier à relu lensemble des écrits du second entre 1935 et 37, Entre Breton et Césaire, le premier fit découvrir le second en 1947, entre Supervielle et Crevel, aux poètes argentins et sud américains en général ainsi quaux poètes canadiens des années 40. La littérature surréaliste e veut le reflet de linconscient individuel ou collectif, en liaison avec le mouvement psychanalytique entre 1906 et 1925. Elle se caractérise par lécriture automatique sous leffet de lhypnose. Ils veulent aller à lencontre de la primitivité de lâme individuelle ou collective. Cela va conduire au rapprochement des surréalistes aux peuples de lailleurs. Le primitif, pour eux, représente la vérité même de tout être. Il est le lieu de la plus parfaite possible expression dart puisque en le primitif figure le lieu de la chose, son archétype et ses différentes figures. Les surréalistes on alors comprit que lart nègre est non seulement lart, mais va au delà de lart. le nègre est celui qui a compris tout le sens primitif de la poésie. La poésie est lessence nègre. Ce mouvement se développe en parallèle du mouvement politique de linternationale, qui pose le climat révolutionnaire, psychanalytique et aussi matérialiste. Cest par la poésie que lon veut faire la révolution sociale. Cest cette pensée est à lorigine de léclatement du groupe surréaliste. La littérature francophone est reconnue par lintermédiaire de Césaire et Damas, il y a mise ne place dun discours poétique et politique de la liberté et lindividu et de la collectivité. 3.La francophonie et la littérature engagée La littérature engagée est celle qui se définit comme sous tendue par une idéologie, ici marxiste, qui a veillé des la fin des années 20 à ce que la littérature soit toutes placée dans lengagement auprès du peuple. Elle doit conforter la révolution (1917), elle doit combattre la bourgeoisie, orienter les âmes, les ambitions ou les comportements populaires. Ces principes seront repris dans les années 40 en France par le texte fondateur de Sartre : Quest-ce que la littérature ? Pour Sartre, lécrivain sadresse à u public bien définit qui se confond à un peuple bien déterminé. Pour qui écrit-on ? Pour le peuple. Dans Orphée noir, il prend position pour les plus démunis, les faibles, les opprimés : ici, les noirs américains. En ce sens, il a fait de lécriture un acte politique, et de la littérature un geste politique. Lécrivain ne peut pas croiser les bras en " signe stérile de spectateur ". Il doit sengager dans les grands conflits, combats, ou débats dopinion qui agitent les sociétés. Lécrivain se définit alors comme celui qui écrit, qui sengage ou détermine. Ce qui exige non seulement une responsabilité individuelle, mais celle de tous les intellectuels de sa condition. Il oriente ensuite une société, parce quil en est léclaireur. Entre les années 40 et 50, la littérature francophone peut être considérée comme une littérature engagée. Cet engagement se montre par la querelle qui oppose les écrivains francophones aux écrivain français, de même pour les canadiens, avec Robert Charbonneau, qui écrit la France et nous, journal dune querelle, qui reprend lensemble des combats entre écrivains québécois et français dans ces années là. Pour lui, lintellectuel québécois doit sengager auprès des politiques et écrire des textes qui défendent lidentité québécoise, qui dévoilent lâme québécoise. Lécrivain francophone doit produire des textes manifestant en particulier la volonté de faire connaître, soit un identité sociale, soit une écriture particulière, venant dhorizons divers. Fodé Diawara : le Manifeste de lhomme primitif , Grasset 1976, mais écrit en 1964. Le manifeste est devenu le lieu de lengagement de lécrivain. Manifeste de Légitime défense (1932), prend non seulement la défense de lhomme primitif, comme le précédent, mais défend lidée du rapprochement entre lécrivain, lécriture et lacte révolutionnaire, ou le révolutionnaire lui même. Généralités sur lécrivain de couleur antillaise, de R. Menil, se propose de confondre lécrivain et le révolutionnaire. Lécrivain francophone veut se distinguer de lécrivain européen. Il veut situer son écriture dans la mouvance des gestes révolutionnaires, ondes de résistance dans les relations entre francophonie et France métropolitaine. La littérature francophone enfin, se définit comme une littérature utilitaire, au sens donné à ce mot par les écrivains prolétariens en union soviétique, par les écrivain engagés en Italie et les surréalistes en France. La littérature francophone, du point de vue de lengagement est une littérature utilitaire, ou utile. 4. La littérature francophone et le nouveau roman Leurs relations sont semblables à ceux avec le surréalisme, puisque le nouveau roman nen est que le prolongement, de même avec le roman engagé, puisque le nouveau roman nen est que la réaction.
Il veut sopposer au roman traditionnel, qui consiste à raconter des histoires dune traite, avec, dune part, une trame, un fil conducteur univoque, des personnages omniscients, sachant tout sur tout, et même dans linstant où les événements se déroulent, avec presque toujours une morale clairement établie, qui sest confondu souvent à la morale sociale, par essence bourgeoise. Lidée est que le roman traditionnel est une pratique bourgeoise de la littérature. Le nouveau roman admet alors la variabilité et la multiplicité des histoires à lintérieur dun même récit, labsence dune trame ou dun fil conducteur de lhistoire, labsence dune omniscience des personnages ou des héros, et admet alors une pratique semblable à lécriture automatique, la seule production du récit ou du discours. Aucune place nest accordée à la morale, par peur de la confusion entre celle ci et la morale bourgeoise. Les défenseurs du nouveau roman considèrent que la littérature ne peut se confondre à un pays, une nation, parce quelle est un lieu par essence transnationale ou transpatriotique. Enfin, le nouveau roman, malgré son nom, refuse les classifications par genre qui étaient au fondement du roman, il refuse les étiquettes didentification des statuts de luvre ou du texte, comme il refuse également les estampilles décrivains. Ils produisent quelque chose auquel on ne peut donner le nom de nouveau roman que par défaut. Ils vont créer un mouvement dont le but est de défendre lécriture, et lécriture seule. Que celle ci emprunte la forme classique ou ses avatars, seule compte lécriture elle même. Cela va les conduire à accepter dans leur rangs dautres écrivains. Le groupe des nouveaux romanciers dès 1957, formés autour de Sarraute et Robbe Grillet, admet dans ses rangs Kateb Yacine (auteur de Nedjma) dont luvre est considérée dès 1958 comme le modèle décriture de nouveau roman.. Lhistoire apparemment insensée ne présente aucune linéarité et se déroule sur un fil infini que poursuit le lecteur à sa guise une fois le livre fermé. Toutes les c caractéristiques espérées sont ici définies, la littérature na pas de fin, puisquelle na pas de début, elle ne peut se concevoir matériellement quen un temps déterminé, celui de la lecture, qui, ni ne lachève, ni ne la conçoit, ni ne la détermine. Dautre part, cette littérature laisse la place à un autre fabrication du texte, celle du lecteur. Par ce fait même lécrivain disparaît au profit du texte qui peut être amendé par un autre texte. Le lecteur peut transformer lhistoire. Il nest jamais établit une distinction précise entre lécrit et loral (// cinéma). La littérature francophone prouve peut être à partir de Nedjma les formes de sa modernité. Tout dabord, labsence de distinction entre lécrit et loral permet de supprimer lopposition classique entre lécrit, civilisation, et loral, primitivité (les écrivains coloniaux prétendaient parler au nom des colonies parce quils étaient les seuls a détenir linstrument). Le lecteur prolonge le récit, il dépossède lauteur du texte : loral est une sous composante de lécrit et lécrit nest quune forme de loral. Dans lécriture se retrouve loral, les deux actes ne sont pas distingués. Le signe écrit nest quun aspect du verbe. Cette absence de distinction entre lécrit et loral et importante du point de vue de la littérature francophone : les littératures orales sont peut être alors de même nature que celles qui procèdent par lécrit. La littérature francophone change ici de statut, elle ne représente plus seulement lensemble des textes écrits de langue française, mais tous les textes produits depuis la nuit des temps, au moyen de loral, dans toutes les sociétés qui auront à un moment donné lhistoire de la langue française comme médium. La littérature francophone devient alors plus vaste que ce que lon aurait pu penser au départ, englobant les contes, les devinettes, les sentences Labsence de distinction spécifique entre loral et lécrit conduit à la reconnaissance spécifique de la littérature francophone. Elle se définit alors, du point de vue du roman, comme un texte dans lequel on retrouve, sous forme indéterminée, les formes de lécrit comme celles de loral. Loralité est admise, cette littérature sera alors : soit une transcription de loral à lécrit, soit une traduction de lécrit à loral, soit une association de lécrit et de loral. Cette reconnaissance va au delà de la littérature francophone, et concerne aussi les littérature régionales (occitane, ) La littérature francophone, du point de vue institutionnel, sera définie comme celle qui participe des littératures du monde, soit parce quelle nen est quune des formes, soit parce quelle en est le creuset. Elle est lune des formes des littératures du monde, puisquelle oscille entre les deux formes décriture et dexpression primitive. Elle en est le creuset puisque loralité est à son fondement propre
Le surréalisme a vu dans le nègre primitif lessence de la littérature, le nouveau roman, considérant le roman comme une entité propre, sans frontières, sest retrouvé dans la littérature francophone. Du point de vue de lidéologie, comme du point de vue esthétique, la littérature francophone à trouvé ses deux fondements : lengagement, au sens esthétique et politique et la reconnaissance de pratiques multiples, diverses et variées. |