Le vent impur des étables Vient d'Ouest, d'Est, du Sud, du Nord. On ne s'assied plus aux tables Des heureux, puisqu'on est mort. Les princesses aux beaux râbles Offrent leurs plus doux trésors. Mais on s'en va dans les sables Oublié, méprisé, fort. On peut regarder la lune Tranquille dans le ciel noir. Et quelle morale ?... aucune. Je me console à vous voir, À vous étreindre ce soir Amie éclatante et brune. Ballade des mauvaises personnes Qu'on vive dans les étincelles Ou qu'on dorme sur le gazon Au bruit des râteaux et des pelles, On entend mâles et femelles Prêtes à toute trahison, Les personnes perpétuelles Aiguisant leurs griffes cruelles, Les personnes qui ont raison. Elles rêvent (choses nouvelles !) Le pistolet et le poison. Elles ont des chants de crécelles Elles n'ont rien dans leurs cervelles Ni dans le coeur aucun tison, Froissant les fleurs sous leurs semelles Et courant des routes (lesquelles ?) Les personnes qui ont raison. Malgré tant d'injures mortelles Les roses poussent à foison Et les seins gonflent les dentelles Et rose est encore l'horizon ; Roses sont Marie et Suzon ! Mais, les autres, que veulent-elles ? Elles ne sont vraiment pas belles, Les personnes qui ont raison. ENVOI Prince, qui, gracieux, excelles À nous tirer de la prison, Chasse au loin par tes ritournelles Les personnes qui ont raison. Charles Cros |