I Loin du bal, dans le parc humide Déjà fleurissaient les lilas ; Il m'a pressée entre ses bras. Qu'on est folle à l'âge timide ! Par un soir triomphal Dans le parc, loin du bal, Il me dit ce blasphème : " Je vous aime ! " Puis j'allai chaque soir, Blanche dans le bois noir, Pour le revoir Lui mon espoir, mon espoir Suprême. Loin du bal dans le parc humide Qu'on est folle à l'âge timide ! II Dans la valse ardente il t'emporte Blonde fiancée aux yeux verts ; Il mourra du regard pervers, Moi, de son amour je suis morte. Par un soir triomphal Dans le parc, loin du bal Il me dit ce blasphème : " Je vous aime ! " Ne jamais plus le voir A présent tout est noir ; Mourir ce soir Est mon espoir, mon espoir Suprême. Dans la valse ardente il l'emporte Moi, je suis oubliée et morte. Époque perpétuelle Inscriptions cunéiformes, Vous conteniez la vérité ; On se promenait sous des ormes, En riant aux parfums d'été ; Sardanapale avait d'énormes Richesses, un peuple dompté, Des femmes aux plus belles formes, Et son empire est emporté ! Emporté par le vent vulgaire Qu'amenaient pourvoyeurs, marchands, Pour trouver de l'or à la guerre. La gloire en or ne dure guère ; Le poète sème des chants Qui renaîtront toujours sur terre. Charles Cros |