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ELEGIES LA FLEUR D'EAU

Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un
emblême,
où l' absence a souvent respiré le mot : j' aime !
Où l' aile d' une fée a laissé ses couleurs,
toi, qu' on devrait nommer le colibri des fleurs,
traduis-moi : porte au loin ce que je n' ose écrire ;
console un malheureux comme eût fait mon sourire :
enlevée au ruisseau qui délasse mes pas,
dis à mon cher absent qu' on ne l' oubliera pas !
Dis qu' à son coeur fermé je vois ce qui se passe ;
dis qu' entre nos douleurs je ne sens pour espace
que ton voile charmant d' amitié, que toujours
je puise dans ma foi les voeux que tu lui portes,
que je les lui dédie avec tes feuilles mortes,
frêles et seuls parfums répandus sur mes jours ;
dis qu' à veiller pour lui mon âme se consume,
qu' elle a froid, qu' elle attend qu' un regard la
rallume !
Dis que je veux ainsi me pencher sous mes pleurs,
ne trouver nulle joie au monde, au jour, aux fleurs,
que la source d' amour est scellée en mon âme,
que je sais bien quelle âme y répondrait encor,
dont je serais la vie, et qui serait ma flamme.
Il le sait bien aussi ; mais cette âme, elle dort...
va donc comme un oeil d' ange éveiller son courage ;
dis que je t' ai cueillie à la fin d' un orage,
que je t' envoie à lui comme un baiser d' espoir,
et que se joindre ainsi c' est presque se revoir !

Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859)

Poèmes de Marceline Desbordes-Valmore