Chanson nouvelle de la belle cordière de lyon - ChansonChanson / Poèmes de Louise Labé L'autre jour je m'en allois Mon chemin droict à Lyon; Je logis chez là Cordiere Faisant le bon compagnon. S'a dit la dame gorrière: « Approchez vous mon ami, La nuict je ne puis dormir. » II y vint un Advocat, Las, qui venoit de Forvière ; Luy monstra tant de ducats : Mais ils ne luy coustoient guère. «Approchez vous, Advocat», S'a dit la dame gorrière, « Prenons nous deux noz esbats. Car l'on bassine noz draps». Elle dict à son mary : «Jan Jan, vous n'avez que faire; Je vous prie, allez dormir; Couchez vous en la couchette, Nous coucherons au grand lict. » S'a dit la belle Cordiere : <• Despouillez vous, mon amy. Passons nous deux nostre ennuy.» II y vint un Procureur Qui estoit de bonne sorte; En faisant de l'amoureux II y a laissé sa robe. Et sa bourse, qui vaut mieux; Mais il ne s'en soucie guère. «Approchez vous, amoureux. Nous ne sommes que deux. » II y vint un cordonnier Qui estoit amoureux d'elle: Il luy portoit des souliers Faictz à la mode nouvelle : Luy donna un chausse-pied. Mais ell' n'en avoit que faire, EU' n'en avoit pas mestier: Ils estoient à bas cartier. II est venu un Musnier, Son col chargé de farine ; La Cordiere a maniée : Elle luy faict bonne mine; Il a toute enfarinée Ceste gentille Cordiere : Il la faut espousseter Tous les soirs après souper. II y vint un Florentin, Luy monstra argent à grant somme ; Tout habillé de satin. Il faisoit le gentilhomme. EU' le receut doucement Pour avoir de la pecune ; Le but où elle prétend C'est pour avoir de l'argent. Recueil de plusieurs chansons divisé en trois parties. Lyon, . |