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Sonnets pour hélène - Sonnet


Sonnet / Poèmes de Louise Labé


Puis qu'elle est tout hyver, toute la mesme glace,
Toute neige, et son coeur tout armé de glaçons,
Qui ne m'aime sinon pour avoir mes chansons,
Pourquoy suis-je si fol que je ne m'en délace ?

Dequoy me sert son nom, sa grandeur et sa race,



Que d'honneste servage et de belles prisons ?
Maistresse, je n'ay pas les cheveux si grisons,
Qu'une autre de bon cœur ne prenne vostre place.

Amour, qui est enfant, ne celé vérité.
Vous n'estes si superbe, ou si riche en beauté,
Qu'il faille desdaigner un bon cœur qui vous aime.

R'entrer en mon avril désormais je ne puis :
Aimez moy, s'il vous plaist, grison comme je suis,
Et je vous aimeray quand vous serez de mesme.



Vous triomphez de moy, et pource je vous donne
Ce lierre qui coule et se glisse à l'entour
Des arbres et des murs, lesquels tour dessus tour,
Plis dessus plis il serre, embrasse et environne.

A vous de ce lierre appartient la
Couronne.
Je voudrais, comme il fait, et de nuict et de jour,
Me plier contre vous, et languissant d'amour,
D'un nœud ferme enlacer vostre belle colonne.

Ne viendra point le temps que dessous les rameaux,
Au matin où l'Aurore esveille toutes choses,
En un
Ciel bien tranquille, au caquet des oiseaux,

Je vous puisse baiser à lèvres demy-closes,
Et vous conter mon mal, et de mes bras jumeaux
Embrasser à souhait vostre yvoire et vos roses ?