Berceuse Première-Née - temps de l'oriole, Première-Née - le mil en fleurs, Et tant de flûtes aux cuisines... Mais le chagrin au coeur des Grands Qui n'ont que filles à leur arc.
S'assembleront les gens de guerre, Et tant de sciences aux terrasses... Première-Née, chagrin du peuple, Les dieux murmurent aux citernes, Se taisent les femmes aux cuisines.
Gênait les prêtres et leurs filles, Gênait les gens de chancellerie Et les calculs de l'astronome: "Dérangerez-vous l'ordre et le rang?" Telle est l'erreur à corriger.
Du lait de Reine tôt sevrée, Au lait d'euphorbe tot vouée, Ne ferez plus la moue des Grands Sur le miel et sur le mil, Sur la sébile des vivants...
L'ânier pleurait sous les lambris, Oriole en main, cigale en l'autre: "Mes jolies cages, mes jolies cages, Et l'eau de neige de mes outres, Ah! pour qui donc, fille des Grands?"
Fut embaumée, fut lavée d'or, Mise au tombeau dans les pierres noires: En lieu d'agaves, de beau temps, Avec ses cages à grillons Et le soleil d'ennui des Rois.
S'en fut l'ânier, s'en vint le Roi! "Qu'on peigne la chambre d'un ton vif Et la fleur mâle au front des Reines..." J'ai fait ce rêve, dit l'oriole, D'un cent de reines en bas âge.
Pleurez, l'ânier, chantez l'oriole, Les filles closes dans les jarres Comme cigales dans le miel, Les flûtes mortes aux cuisines Et tant de sciences aux terrasses.
N'avait qu'un songe et qu'un chevreau - Fille et chevreau de même lait - N'avait l'amour que d'une Vieille. Ses caleçons d'or furent au Clergé, Ses guimpes blanches à la Vieille...
Très vieille femme de balcon Sur sa berceuse de rotin, Et qui mourra de grand beau temps Dans le faubourg d'argile verte... "Chantez, ô Rois, les fils à naître!"
Aux salles blanches comme semoule Le Scribe range ses pains de terre. L'ordre reprend dans les grands Livres. Pour l'oriole et le chevreau, Voyez le Maître des cuisines. St-John Perse
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