Le balai C'est un humble balai de chiendent, trop dur Pour une chambre ou pour la peinture d'un mur. L'usage en est navrant et ne vaut pas qu'on rie. Racine prise à quelque ancienne prairie Son crin inerte sèche : et son manche a blanchi. Tel un bois d'île à la canicule rougi. La cordelette semble une tresse gelée. J'aime de cet objet la saveur désolée Et j'en voudrais laver tes larges bords de lait, Ô Lune où l'esprit de nos Soeurs mortes se plaît. Arthur Rimbaud (1854 ; 1891) Poèmes de Arthur Rimbaud
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