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OxyMore

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Le Parfum

08 October 2006 - 03:12 PM

Le Parfum

J’aime à laisser errer sur ta gorge si fraîche et douce
Mes lèvres avides et mes sens aux aguets…
Goûtant avec délectation quelques larmes d’éternité
C’est lucide que je m’abreuve comme un fou à ta source…

Toi qui, à nouveau, a poussé mon être las à sa renaissance ;
Toi pour qui la Lune - pâle de jalousie – chaque nuit danse
En se parant de mille joyaux incandescents.
Toi dont l’Ame me caresse le cœur calmement…

Et ce délice auquel je m’adonne avec un enchantement voilé,
Et qui seul fait battre ce sang si froid courant dans mes veines,
Est bien plus que l’ivresse de ta peau mêlée d’effluves de voluptés :
C’est le parfum de ta vie, toi de mon être, la complice souveraine !

OxyMore

L'eau & Le Sable...

04 October 2006 - 10:20 AM

L’Eau & le Sable

Le Sable se dresse et gronde :
« Je suis source d’inspiration, immense et magnifique, de repos et de beauté
Pour tous ceux qui veulent reposer leur esprit dans mes mains ;
Le vent peut parfois sembler effacer les signes tracés en mon sein
Mais aucun cœur n’oubliera jamais les messages, dans mes dunes, révélés.

Rien ni personne ne peut troubler la sagesse de mes étendues bénies,
Sous l’œil terrible et fécond de Râ comme dans le berceau de Séléné
Les mortels ne sont que d’évanescents acteurs et spectateurs dans mon immortalité.
Le temps ne peut blesser mon être qui n’est que multitude infinie. »

Et les Flots, de lui répondre :
« La diversité de mes formes tout comme celle de mes états
Se fait la compagne de ceux qui rêvent d’éternité.
Comme Toi, mon frère, Chronos reste médusé
En contemplant en moi le reflet de la beauté et du trépas.

Je suis aussi source de vie ou messager du chaos,
Je suis l’indomptable, la dissidente, l’éternelle amazone
Que courtisent toute leur existence les plus fous des hommes.
Comme toi, je suis la liberté, le témoin des idéaux.

Et de simples pétales dérivant langoureusement sur mes flots
Peuvent s’unir pour que l’âme chuchote ces mots si doux ;
De même, les vents peuvent disperser mes plus intimes bijoux,
Mais jamais, o grand jamais, ne pourront mourir de tels mots.

Comme Toi je possède le pouvoir de fasciner les hommes,
D’affermir leur âme friable.
Nombreux sont ceux à s’être perdu dans mes bras ou réfugié contre mon sein,
Dans mes déserts tout aussi beaux et cruels que peuvent parfois l’être les tiens.
Comme Toi je peux me faire le témoin des aveux de l’âme. »
Ainsi répondit l’Eau au Sable…

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Le Lac Des Regrets

29 September 2006 - 02:03 PM

Le Lac des Regrets :

La clarté de la lune, en un faible sourire,
Fait miroiter l’eau pâle en un éclat sombre
Et les larmes qui la composent, de trop souffrir,
Vont en vagues lentes sous la caresse de l’ombre.

Le triste vent des soupirs va, hurlant,
Agitant les flots de spasmes de douleur ;
Parfois les rafales passent plus langoureusement,
Changeant l’eau des souvenirs en rêves de douceur.

Et lorsque la beauté nocturne est bien ronde,
Une ondine s’éveille et entonne un chant pathétique
Cependant que l’être mélancolique, vers l’onde,
Se laisse emporter, charmé, en une fin tragique.

Ce lac est le refuge des esprits blessés,
Soignant dans le noir le mal de l’âme,
Mais la descente dans ses abîmes bleutés
N’apaise jamais mes regrets pour ma Dame…

OxyMore

La Complainte Du Cygne Noir

29 September 2006 - 02:01 PM

La Complainte du Cygne Noir :

Comme au crépuscule d’un cœur délaissé,
Le Cygne accompagne, ce soir, l’agonie du soleil ;
Et si ses yeux sont parcourus d’une teinte vermeille,
Son sillage reste drapé de grâce et de beauté.

La douceur de la nuit l’enveloppe de ses bras,
Alors qu’un souffle paisible parcours son plumage.
Sous le voile de la lune, calmes sont les paysages,
Et le Cygne glisse sur l’onde avec sans-froid.

Ce Cygne à la plume, jadis, blanche et immaculée
Désormais, en ses espoirs, ses rêves, ne peut plus croire.
Il a goûté l’aigreur des gens, le mensonge, la réalité
Et son âme blessée, déçue, a changé son plumage en noir.

Mais le Cygne n’a pas tout perdu dans ce sombre passé,
Car si ses idées, ses aspirations, n’ont pas leur place en ces temps,
Il garde foi en lui. Sa solitude est son honneur et sa fierté.
Il poursuit son chemin et son cœur lacéré est encore trop saignant.

Le Cygne se tait toute sa vie pour ne bien chanter qu’une seule fois,
A-t-on toujours coutume de soutenir,
Le Cygne Noir continue sans plus se soucier des vivants, de leurs lois ;
Ayant déjà chanté, il n’a plus rien à dire…
OxyMore

Le Pacte...

28 September 2006 - 04:26 PM

Le Pacte


Un bruit de clef et la porte d’entrée qui s’ouvre. Sur son seuil, un jeune homme se tient un instant immobile. Grand, mince, vingt-cinq ans peut-être et déjà sur ses traits se dessine l’esquisse de la lassitude de ces jeunes qui se sentent vieux. Violant le silence de la nuit naissante, onze heures sonnent à l’église du village tout proche. Il entre soudain et referme la porte : il est enfin rentré chez lui. Dès lors, tout ce qui précède cet instant dans la journée n’a plus guère d’importance et se dilue dans l’Eau de Léthé : le travail, les rencontres, les soucis, l’humanité elle-même…La véritable journée commence enfin pour notre oiseau de nuit. Seul dans la vaste demeure, il a décidé de se distraire, de se détendre. Loin de tout et de tous, il va se fondre dans le délectable velours des ténèbres...Dans son antre, à l’abri d’un monde auquel il se sent étranger, tous les abus seront bons pour se distraire l’esprit, mais seul. Cette nuit pas d’amis, de femme ou de maîtresse. Il est seul avec lui-même…

Après s’être mis à l’aise, il se dirige vers le grand salon. Avec tout le sérieux que l’on peut réserver à un rituel ancestral, il allume le feu déjà prêt dans la grande cheminée, puis les bougies ornant les quelques candélabres alentours. Une fois la vie donnée au feu, la pièce semble comme agitée par la lueur des flammes et les ombres commencent à danser sur les murs, ouvrant un grand bal avec les peintures… L’homme, s’étant servi un verre, prend un instant pour choisir avec soi un disque puis une étrange musique envahit à son tour calmement la salle. Il s’allonge alors négligemment sur le canapé, face au feu de bois et à son spectacle fascinant qui donne l’impression de réchauffer le sang. L’individu, après avoir exterminé quelques verres, tends le bras avec nonchalance pour attraper le petit coffret d’argent posé sur la table basse, près de lui. Il l’ouvre et contemple un instant les paradis illusoires et évanescents qu’il contient. Ayant finalement choisi celui auquel il va s’adonner ce soir, il se saisit des éléments nécessaires à l’exécution de la tâche. La préparation elle-même fait partie de l’ivresse. Par prévention, ne se sentant peut-être pas capable de pouvoir le faire plus tard, il se prépare deux évasions avec grand soin. Il va poser la seconde sur le bureau, près de là, et reviens vers la cheminée allumer la première. Le bruit de la combustion se mêle, presque étouffé, aux cris du bois qui brûle. Une épaisse fumée se met à danser dans l’air, les volutes allant de-ci de-là dans la semie pénombre…

Ivre de musique aussi, il laisse l’euphorisant exploser dans son esprit. Le temps se met alors lui-même à disparaître. Son esprit déverse ensuite son flot de pensées, impulsives, irrépressibles. Tout va si vite et le temps qui semble s’être figé ne rend tout ceci que plus confus. Il repense au passé, aux femmes qui ont croisées sa vie, à celles qu’il a aimé… inévitablement, fatalement ses pensées s’unissent autour d’un seul être, Celle pour qui la Passion a déchiré son âme comme jamais auparavant, et jamais depuis…sa Furia…

Cet Amour, dont il ne parvient à se défaire malgré les nombreuses expériences qu’il a pu commettre, reste comme une immortelle cicatrice dans son esprit et dans sa chair. Même glacée par une lucidité qui, depuis peu, commence à se faner, cette blessure persiste à brûler en son cœur sans que rien ne semble capable de l’apaiser complètement. Et maintenant, tous ses sens épuisés par l’abus semblent s’unir pour faire défiler en lui le froid cortège de ces souvenirs d’un éphémère bonheur…Amplifiée par l’artificielle substance, la Mélancolie se met à couler dans ses veines comme le plus terrifiant des venins…

Furia…Celle pour qui il verse encore parfois quelques larmes de feu ; qu’il ne parvient à oublier…Furia…

Puis éclate en son esprit une folle pulsion, union d’un esprit dément et de substances illicites. Pourquoi ne pas matérialiser sa peine, son angoisse et son désir ?... Délaissant pour un temps le feu, il s’installe alors à quelques pas de là, à son bureau. Saisissant alors une feuille blanche et s’armant de sa plume la plus belle, il laisse libre cour à sa folie. Il va prêter serment. Et voici le texte tel qu’il l’a immortalisé sur le papier. Son Pacte.

« Moi, Quentin de N. atteste par la présente du feu immortel qui me ravage l’esprit depuis longtemps déjà. De cet Amour pour Furia que rien ne peut affaiblir ! Je hurle à l’Ombre comme à la Lumière, à qui veut m’entendre, que je suis prêt à tout pour avoir une autre chance d’être à nouveau aimé de cet Ange… Je signe donc ce Pacte de mon Sang et clame haut et fort que si mes Regrets ne peuvent se changer en Renaissance, alors cette dague avec laquelle je me blesse peut me percer ce cœur qui n’a fait que trop battre !... »

Une fois la lettre achevée, Quentin se redressa, solennel, et se saisit de la dague. Il ouvrit sa main au-dessus du papier et se l’entailla à la paume. Il serra ensuite violemment le poing et, de par la morsure de l’acier à la chair, son sang se mit à perler lentement vers le Pacte. Il y trempa alors une nouvelle plume et signa sa lettre avec donc comme encre la quintessence de sa vitalité. La plume à peine relevée, ses sens furent attirés par la cheminée : le feu lui sembla un moment comme ravivé par un souffle issu de nulle part ; les flammes paraissaient vouloir s’étendre cependant que le bois brûlait avec la frénésie d’un vent venu d’ailleurs. Un simple clignement des paupières et tout était comme avant. Un simple feu dans une cheminée. Spectacle simple et reposant. Combien de temps cela avait-il pu durer ? Une seconde ? Une minute ? Il n’en savait rien. Et puis, cela s’était-il réellement produit ou n’était-ce là que l’ironique effet de l’abus de ces paradis artificiels ?... Cette dernière hypothèse devait être la bonne, probablement…C’est ce que se dit Quentin tout en décidant de soigner le Mal par le Mal…

Il alluma une nouvelle distraction et affala sa tête près de son Pacte, sur le bureau. Se laissant aller à la dérive de l’ivresse, son esprit galopa à une vitesse effrayante, il oublia peu à peu. Il oublia tout. Que de l’ombre…détendu…serein…du repos ?... Et Morphée qui, en bon Judas, vint le prendre dans ses bras………………………………………………………………………………………………………

................Des yeux qui s’entre ouvrent…Pas encore de mouvements. Des doutes assaillent son esprit. Que s’est-il passé ? S’est-il endormi ? Longtemps ? L’horloge du salon indique plus de trois heures du matin…Comme si ces brefs instants de repos avaient apaisés notre homme, ses sens commencèrent à s’éveiller à nouveau. Mais cela semblait être désagréable. Une gêne peut-être…Non, une douleur plutôt…Son esprit implosa alors en une fraction de seconde : comment ce sang - son sang ! - pouvait-il encore être aussi frais après qu’il se soit pourtant endormi probablement plusieurs heures ??!...

Qu’importe ! Certainement encore une hallucination due à la drogue, pensa-t-il. Se redressant alors, une violente sensation vint soudain lui briser le corps. Nul doute n’était plus permis désormais : ce qu’il ressentait à présent pleinement, ivre ou non, était bel et bien une profonde et intense douleur au cœur même de sa poitrine…

Abaissant le regard, la Folie lui balaya l’esprit et une image s’immortalisa dans son œil : la vue de sa dague plongée dans son propre sein !...


Oxymore