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Dans l’illusion de nos misères
nous pouvons croire en l’avenir

Les anges que nous côtoyons
nous les répudierons
leurs nobles sentiments nous auront bien servi

Nos industries nous répartissent
la mort nous confondra

Nous pouvons l’invoquer, c’est toujours par défaut
Et tous nos chapelets ne forment qu’un vertige

La mort, n’y croyons pas, enfin
Elle est solide, notre impardonnable dieu

Le bégaiement d’un homme suffit-il
à ce que naisse le néant ?

dieu est un charabia, on eût voulu
une charade, on voulait dire
quand le mot "est" est une haie
les choses vont mal : un linguiste attentat
fut de placer un mot, un oeuf par qui déjà gobé
par qui de droit qui jugea bon de se dire qui
ciseaux égalent six os - et mitraillettes ?
elles s'enfoncent dans le sable
(dans une langue de sable)
récitent des recettes de cuisine sanguinolente
effacent mon visage, tu effaces
mon oeil, ma langue, tu
dans ma bouche, des mots
comme des coquilles vides
pleurent.

l'Etat a décrété des lois aujourd'hui : la belle affaire !
Hector a déguisé un criminel en arbre. Faits et arguments
s'enchaînent comme des prisonniers à des policiers obligés de les suivre
jusqu'à l'intérieur de la prison
d'où une surpopulation atroce des prisons : les pierres boivent les prisonniers
et les policiers prisonniers de leurs stupides menottes qui les rendent
incapables de lire et de rire
incapables d'aimer les prisonniers qu'ils violent et sur lesquels ils défèquent en croyant se donner du plaisir
alors qu'ils ne font que couper leur cerveau en dix-huit petites parcelles
gouvernés par l'oeil renversé, retourné en l'orbite, de leur victime.
Les trépanés disent demain,
nous lirons les décrets ; nous participerons derechef à la vie démocratique
mais les urnes se vident.

De nos jours les gens ont peur de refuser : c'est pourquoi ils ne lisent pas Ferdinand de Saussure
S'ils lisaient Ferdinand de Saussure la confusion ne leur semblerait pas incompatible avec le mode d'action qu'on appelle révolution politique
Qu'est-ce qu'une révolution politique ? L'ouverture d'un livre d'Harald Weinrich
Des gens se lèvent : grammaticalement nus et aussi bien déterminés
Est-ce le circuit de leurs passions qui les combine ainsi en vectorielles stellaires ?
Ou est-ce l'issue du match de football sur lesquels les défaitistes se sont acharnées
Aurore et arc-en-ciel vivent dans le vasistas
Pas un schéma - ni en arborescence ni comme un tableau électrique - n'a écopé de dix ans de prison.
Alors les journaux... Les moutons à cinq pattes qu'on reçoit cinq sur cinq... Les feuilles
des arbres qui lisent Saussure dire ARBOR at MONT ALBOR
Des fillettes pleurent : Lénine a vieilli ce matin et le jour n'est plus si teint de rouge qu'il n'était
Nous savons désormais compter. Et nous gagnons la conscience progressive de ce qui ne se compte pas.