Vincent Z

A l'approche des rivages ultimes
Au-delà desquels nul ne vit
Il prit peur, au bord de l'abîme
De continuer. Sa seule envie.

Flots obscurs portant le radeau
En dérive inlassable des jours;
il choisit finalement le fardeau
des risques extrêmes et sans détour.

Nous le regardions partir;
infinitésimal sur l'océan menaçant.
Il souriait d'un beau sourire
et disparut ; Evanescent.

Gardons de l'homme qui part
un souvenir joyeux
qui bien après son départ
fera de nous des bienheureux.

La terre a repris le ciel
Ou le contraire peut-être.
Je retiens ma respiration
Pourrais-je mourir ?

Un soufle morne d'Est
Porte un message au passant
Presse ton pas, regard à la proue
Car nos âges s'égrennent inlassables

La foule bientôt se disloque
Ultimes effluves d'humains
Et le soir aura pris le pas
Liqueur sombre et enivrante

Laissons-nous prendre enfin !
Car nos forces sont vaines
Fétus de paille que le feu
du temps convoite déjà.

Au loin les collines noires
barraient le ciel d'une courbe lisse
L'eau froide montait de la terre
aux cîmes éparses des taillis

Imperceptiblement, le jour fléchissait
sous le poids glacial de la nuit
et quelques nuages gris s'étiolaient
à l'horizon de mes pensées

Je me délectais de cette vision
nimbant mes derniers espoirs
Enfin ne plus y voir clair
et finir apaisé

Le jour s'efface
D'un lent déclin
Laisse ta place
La nuit a faim !

Sa descente étiole
Le temps précieux
Des amours folles
Et de ton souvenir

Flèche décochée
Touché à cœur
Blessure cachée
Secrète douleur

Sans cesse
Espérance fauchée
Je plie et lâche
Mon âme mâchée

Mais t’attend pas féroce
Veille carcasse
A te repaître
De ma rage de gosse