jimail

Voyez les rouages
En leurs premiers mouvements
Sont irréguliers, regrettant
Le temps de leur immobilité
Qu'ils ne connaissent
Que par le vol de l'âge.
La machine rit aux éclats
De se voir tourner ainsi
Et supplie le grain de sable
De venir l'enrayer
La pluie de la rouiller
Pour achever ses cliquetis
Et ses grincements métalliques,
Stridents le long de se membres
Se répercutant en tous ses alliages.

Mes angoisses obsédantes
Comme thème et variations incessantes
Filtrent la tendre chaleur
Du printemps naissant
Le bond d'un chat fugueur
Et la fougue de mes premiers instants
Effleurent cette surface jusqu'aux horizons
Ni remous ni sillons
N'altèrent ce parfait miroir
Dont je devine les profondeurs
Sans en saisir le fond

Dans la pénombre sans son
De ma chambre sans rien,
J'attends...
J'entends chanter le grillon
Vieux compagnon d'insomnie,
Sa plainte de minuit
Accompagne mes illusions:
J'attends un coup de fil.

Indifférente, dans le coin
L'araignée tisse sa toile,
Fait de tous ses fils
Une vaste voile
Dans laquelle se prennent mes soupirs

Ce soir,
Les tavernes pleines d'écumes et de rires,
Me seront interdites,
Quelques ruelles me mèneront
Jusqu'à l'épave pillée
De ce gallion
Sur le pont duquel
Gisent les restes des batailles qui n'ont pas eu lieu.

La chandelle expire
Ma plainte silencieuse
Berce mes illusions
Ainsi que le vieux grillon,
Aux nuits capricieuses
Indifférente, dans un coin de sa toile
L'araignée guette
Et attend, elle aussi, "un coup de fil".

inconnue et presque fugitive
votre foulée s'espace
et vous porte par delà
une réalité déchirée
je m'évade avec vous

comme du concret
sur lequel on tire
et monte en fumée
au gré des aspirations
je danse en volutes et méandres
et je crois voir ton visage sourire

La ville s'est drapée de nuit
Et la nuit d'immobiles toits
D'ardoise et de pluie
Et d'images de toi

Un rayon de tour Eiffel
bienveillant mirador
Tournoie dans le ciel
Magique tour et jet de sort
Je m'endors...