KERFON

Le greffon… !



J’entends, tôt ce matin, sur mon poste radio,
L’ordre des médecins avancer ce propos :
Très, très prochainement, pour ne pas dire bientôt,
Un docteur éminent greffera les cerveaux.

Méfiant, je me dis  (hypothétique client)
C’est une loterie, ou plutôt : ça dépend !
Coup d’œil autour de moi, souvenirs que je fuis,
Je sens déjà l’effroi de greffons bien précis…

Pour me donner confiance, il me faudrait, je crois,
Pouvoir choisir d’avance le cerveau qui m’échoit ;
C’est hélas impossible, le marché d’occasion
Ne fait l’objet de cibles avant l’opération…

Je n’ai que peu de chance quand je joue au loto,
Aussi, là pour la science, je me sens le cœur gros ;
La pièce d’origine, dans les réparations,
Est certifiée d’usine : qu’en est-il du greffon ?

Ceci n’est que fiction, ou du moins je l’espère,
Mais j’ose la question, surtout soyez sincères :
Voudriez vous demain, sur un lit d’hôpital,
Vous réveiller soudain la tête toute bancale ?

KERFON LE CELTE

Oh ! Douce nuit...!




Ce soir le Père Noël arrive au Val Fourré,
Tous les ans c’est pareil, il se fait « caillasser »,
Il lui faut demander l’aide de la police,
Le renne est apeuré par les jets d’immondices ;

Voici, c’est chose faite, tournent les gyrophares,
Les ombres en casquettes se tiennent à l’écart,
Mais le père Noël doit y mettre du cœur
C’est partout le bordel : panne des ascenseurs ;

"Ce n’est pas une vie d’être le Père Noël,
Il serait mieux au lit" se dit mère Noëlle,
Surtout que cette année, par le Gouvernement,
L’ensemble du quartier a reçu des présents ;

Le vieux Père Noël repart du Val Fourré,
Sous les cris des rebelles tout encapuchonnés ;
C’était un jour de chance car le joli traîneau
N’a pas, par jet d’essence, fini en brasero…

KERFON LE CELTE

Miss terre à terre… !


Si, comme moi hier
Vous avez vu les Miss,
N’avez-vous pas, très chers,
L’impression d’un comice ?
Moi, je me serais cru
A la foire aux bovins,
Ayant un aperçu
Sans y mettre les mains…

Vraiment, ces jeunes filles,
Qu’ont-elles dans le cerveau
Pour se montrer ainsi
Que le font les bestiaux ;
Quant à la maquignonne,
Avec son grand chapeau,
Reine des bêtes à cornes
Elle perçoit le magot…

Mais je dois avouer
Que j’ai un peu dormi,
Que mes yeux ont zappé
Cette cérémonie ;
D’ailleurs, il me revient
Que pendant l’émission
J’ai songé au chagrin
Des gosses en haillons… !

KERFON LE CELTE

Ginette, la postière… !




Ginette, c’est ma postière, la reine du guichet,
Si elle sent la poussière jamais elle ne balaie,
C’est une femme de lettres que je vous recommande,
Elle respire le bien être à la moindre commande.

Derrière ses lunettes, portées bas sur le nez,
Ses yeux sont mitraillettes des que vous vous pointez,
C’est qu’elle a du métier malgré ce qu on en dit,
Elle sait identifier le client à ennuis.

Voilà plus de trente ans que, derrière son guichet,
Chaque jour elle entend nombre de quolibets,
Alors elle est rodée et souvent elle se dit
Qu'ils sont vraiment timbrés les clients d’aujourd’hui.

Mais ce matin Ginette, par le grand chef apprend,
Qu'il faut faire risettes aux tout nouveaux clients,
Pour pouvoir compenser les visiteurs qui manquent,
L’usine des postiers va devenir la banque.

Je donne mon billet que Gigi la postière,
En reine du guichet regrette sa poussière,
Il est fini le temps ou derrière ses lunettes
Elle tricotait le temps sans la moindre risette… !

Ginette, si tu me lis....  

KERFON LE CELTE

Ça me prend le chou…!



"Les Français sont boudeurs"
Râlent les maraîchers,
Ils snobent nos choux-fleurs,
Les cours sont au plancher,
Qu’allons-nous pouvoir faire
Des tonnes d’invendus,
Même l’humanitaire,
Dédaigneux, ne veut plus.

"Les français sont boudeurs"
Alors, tant pis pour eux,
Sur mon puissant tracteur
Je m’en vais, généreux,
Offrir ma cargaison
Aux élus, aux Préfets,
Intégrale  livraison
Aux portes des Palais.

L’an prochain, c’est certain,
Je dois me recycler,
Fleurir le moindre coin
De nouvelles variétés,
Mais pourquoi pas, j’y pense,
Pour de gros bénéfices,
Etaler les semences
De plans de cannabis…!

KERFON LE CELTE