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poeme

Enfance

    Au jardin des cyprès je filais en rêvant,
    Suivant longtemps des yeux les flocons que le vent
    Prenait à ma quenouille, ou bien par les allées
    Jusqu'au bassin mourant que pleurent les saulaies
    Je marchais à pas lents, m'arrêtant aux jasmins,
    Me grisant du parfum des lys, tendant les mains
    Vers les iris fées gardés par les grenouilles.
    Et pour moi les cyprès n'étaient que des quenouilles,
    Et mon jardin, un monde où je vivais exprès
    Pour y filer un jour les éternels cyprès.

Guillaume Apollinaire(1880 - 1918)

Poèmes de Guillaume Apollinaire