poesie Suivez-vous sur Twitter : Facebook :

poeme

La cueillette

    Nous vînmes au jardin fleuri pour la cueillette.
    Belle, sais-tu combien de fleurs, de roses-thé,
    Roses pâles d'amour qui couronnent ta tête,
    S'effeuillent chaque été ?

    Leurs tiges vont plier au grand vent qui s'élève.
    Des pétales de rose ont chu dans le chemin.
    Ô Belle, cueille-les, puisque nos fleurs de rêve
    Se faneront demain !

    Mets-les dans une coupe et toutes portes doses,
    Alanguis et cruels, songeant aux jours défunts,
    Nous verrons l'agonie amoureuse des roses
    Aux râles de parfums.

    Le grand jardin est défleuri, mon égoïste,
    Les papillons de jour vers d'autres fleurs ont fui,
    Et seuls dorénavant viendront au jardin triste
    Les papillons de nuit.

    Et les fleurs vont mourir dans la chambre profane.
    Nos roses tour à tour effeuillent leur douleur.
    Belle, sanglote un peu... Chaque fleur qui se fane,
    C'est un amour qui meurt !

Guillaume Apollinaire(1880 - 1918)

Poèmes de Guillaume Apollinaire