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Marizibill

      Dans la Haute-Rue à Cologne
      Elle allait et venait le soir
      Offerte à tous en tout mignonne
      Puis buvait lasse des trottoirs
      Très tard dans les brasseries borgnes

      Elle se mettait sur la paille
      Pour un maquereau roux et rose
      C'était un juif il sentait l'ail
      Et l'avait venant de Formose
      Tirée d'un bordel de Changaï

      Je connais des gens de toutes sortes
      Ils n'égalent pas leurs destins
      Indécis comme feuilles mortes
      Leurs yeux sont des feux mal éteints
      Leurs coeurs bougent comme leurs portes

      Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

      Poèmes de Guillaume Apollinaire