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poeme

Nuit rhénane

 

      Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
      Écoutez la chanson lente d'un batelier
      Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
      Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

      Debout chantez plus haut en dansant une ronde
      Que je n'entende plus le chant du batelier
      Et mettez près de moi toutes les filles blondes
      Au regard immobile aux nattes repliées

      Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
      Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
      La voix chante toujours à en râle-mourir
      Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

      Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

      Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

      Poèmes de Guillaume Apollinaire